Le bombardement américain d'un camp d'entraînement du groupe Etat islamique en Libye a démontré que Washington entendait chasser les jihadistes même au-delà de leurs bastions syriens et irakiens, mais ne présage pas forcément d'une volonté de s'engager dans un pays plongé dans le chaos. Lors de cette frappe aérienne, qui n'était que la deuxième offensive américaine contre des cibles de l'EI en Libye, des avions et des drones ont détruit tôt vendredi un camp des jihadistes près de Sabrata, à l'ouest de Tripoli, faisant quelque 50 morts selon les autorités locales. Le Pentagone, qui n'a pas donné de bilan, a expliqué qu'à l'issue de plusieurs semaines de surveillance il avait dénombré une soixantaine de jihadistes qui s'entraînaient dans ce camp, dont la cible prioritaire du raid aérien: Noureddine Chouchane, un cadre opérationnel de l'EI, qui a "probablement" été tué. Cette seconde offensive intervient seulement quelques jours après que le président Barack Obama eut estimé qu'il fallait s'en prendre aux jihadistes également en Libye, où ils se sont implantés notamment sur la côte méditerranéenne, à Syrte. Le Pentagone estime à quelque 5 000 le nombre de combattants de l'EI dans le pays livré au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Mais à moins d'un an de la fin de son dernier mandat, le président Obama, déjà critiqué pour les résultats de la campagne anti-jihadistes menée par les Etats-Unis en Syrie, n'entend pas s'enfoncer dans ce qui pourrait être un bourbier libyen en envoyant des troupes dans le pays.