«El-Mestour» qui signifie «le discret», est un drame social qui traite de l'absence d'humanisme dans les rapports entre les individus et met à nu le désir violent et immodéré de s'enrichir. C'est une pièce adaptée d'une œuvre théâtrale «El Tragaluz» (la lucarne), écrite par le dramaturge espagnol Antonio Buero Vallejo (1916- 2000). Ce dernier, auteur, a commencé sa carrière artistique par la peinture. Pendant la guerre civile, il est aide-médical dans l'armée républicaine. Il est condamné à 6 ans de prison. Il va user de symbolisme pour critiquer Franco. En 1949, il est élu à l'académie espagnole de lettres. Mise en scène et adaptée par Mohamed Belkiseria, supervisée et suivie par Laroussi Missoum, la pièce théâtrale répercute sur les planches une tragédie familiale, rendue 90 minutes durant, par cinq comédiens. Pour la distribution de la pièce « El-Mestour », nous avons Rachid Djerrourou pour le rôle du père, Aïssa Chouat campe le grand frère, Kamina Mokhtar joue la maman, Mohamed Benkassaria, le jeune frère et Ikram Bouchoucha incarne la petite fille et la secrétaire. Le scénario est signé Mohamed Benkassaria, également metteur en scène. Quant au coaching et production, ils sont assurés par Missoum Laroussi, président de la Coopérative des amis de l'art de la wilaya de Chlef. L'histoire que narre cette pièce a pour cadre la décennie noire. Ce sont beaucoup plus les retombées néfastes sur les relations au niveau du tissu familial qui sont dénoncées que la violence perpétrée contre les personnes. L'auteur met en scène une famille, somme toute normale et unie, dont les membres vivent ensemble. Un événement grave vient bouleverser cette quiétude apparente. Le grand frère qui est censé protéger ses parents, son cadet et sa petite sœur se trouve être la cause du malheur. Sur un coup de tête, sans crier gare, il va s'emparer des économies de toute une vie de la famille et s'enfuir sans donner suite, pour mener la belle vie et gaspiller cet argent en compagnie de personnes peu recommandables. Le père ne supporte pas le choc. Il va sombrer dans la folie. La pauvreté s'installe durablement dans la maison. Par effet de conséquence, la petite sœur tombe malade victime d'une carence alimentaire. Le voleur finit par revenir et la confrontation avec les membres de la famille est violente. La pièce a pour ambition de dénoncer les dégâts causés à la cellule familiale par la décennie noire. Les dialogues font une allusion à peine voilée au matérialisme sidérant qui gangrène la société algérienne malgré la tradition ancestrale de solidarité et générosité qui ont fait la fierté de la famille musulmane. Menés en arabe classique, les échanges entre les différents personnages se sont déroulés dans des atmosphères soutenues où chaque comédien a donné de l'intensité à son propos, occupant l'ensemble de l'espace scénique. Les comédiens ont donné vie au texte dans un rythme ascendant avec un jeu concluant. Il faut signaler que la Coopérative culturelle et artistique « Asdiqae El Fen » (les amis de l'art) est à sa 13ème production en seulement sept années d'existence. Elle a commencé par «El Âayta»et «Akd El Djouher» (adaptations de Benguettaf) qui ont connu un grand succès. On peut parler aussi de «Bouâr'âara» (une création dont le texte est signé Guérine Abdelkader, romancier et poète). Suivront «Si El Hani» de Abdelkrim El-Houari, la voie lactée présentée à Carthage, et «Lala Aziza » consacrée par le 1er prix du Festival du théâtre professionnel à Alger, l'an dernier. La troupe théâtrale partira en « tournée de proximité » où elle sillonnera une dizaine de villes du pays, a déclaré le président de la coopérative M. Laroussi Missoum.