Le prix international Kateb Yacine du roman a été décerné lundi à l'Algérienne Nassira Belloula et à la Marocaine Aïcha El-Basri au terme des travaux de la 7e édition du Colloque international sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine organisé à Guelma. Nassira Belloula, qui réside au Canada, a remporté le prix du meilleur roman écrit en français pour son oeuvre «Terre des femmes» qui relate la saga de cinq générations de femmes de la région des Aurès qui se sont affirmées à la société par leur forte détermination et leur résistance au colonialisme. Aïcha El-Basri, elle, a été récompensée pour son roman en arabe intitulé «Hafidat Grita Jarbot» qui raconte le parcours d'un homme qui se fait passer pour le fils d'une célèbre artiste qui un jour s'est laissée prendre en photo avec lui lors d'une visite à l'orphelinat où il était accueilli. Les deux auteures ont été absentes à la cérémonie de décernement des prix pour des «raisons administratives», selon les organisateurs qui ont indiqué que les deux prix de poésie (arabe et français) n'ont pas été attribués faute d'oeuvres satisfaisant aux critères fixés pour le prix. Kateb Yacine s'est inspiré de l'ancienne forme théâtrale grecque Les participants au forum international sur la vie et l'œuvre de Kateb Yacine ont affirmé la veille de la clôture que cet auteur s'est inspiré de l'ancienne forme théâtrale grecque pour sortir le 4ème art des salles fermées et le porter aux plus larges classes populaires. Patrick Strasser, de l'université de Vienne (Autriche) a précisé que Kateb a utilisé «la technique de la choralité» répandue, comme une base de travail dans l'ancien théâtre pour «toucher les diverses classes sociales et refléter leurs préoccupations et leurs malheurs». Définissant la choralité dans le théâtre comme «le recours aux chants, aux danses et à l'exécution de mouvements synchronisés par plusieurs personnes sur les planches», l'intervenant a détaillé que cette pratique était visible, pour la première fois dans la pièce «Le cadavre encerclé» jouée en français pour la première fois en 1958 à Bruxelles (Belgique). L'universitaire a ajouté que la choralité dans les pièces de Kateb a été encore illustrée à travers les œuvres théâtrales «Nuage de fumée», «La femme sauvage» et «La poudre de l'intelligence». M. Strasser a également mise en exergue les efforts de Kateb Yacine pour «transporter» le théâtre dans les espaces ouverts, les stades et les rues à la manière, a-t-il appuyé «des anciens festivals». De son côté, Saâd Berghal de l'université du Monastir (Tunisie), a axé son intervention sur les tentatives de l'auteur de Nedjma pour «réconcilier intelligentsia et populisme», estimant que le rapprochement vers les classes ouvrières a conduit à terme le dramaturge à abandonner «son butin de guerre» qui est la langue française pour écrire ses pièces en arabe dialectal. Organisé par l'Association de la promotion du tourisme et de l'animation culturelle de Guelma, le forum sur le théâtre et théâtralité dans l'oeuvre de Kateb Yacine (1929/1989) et dont les travaux devront se poursuivre jusqu'à lundi, au Théâtre régional de Guelma (TRG) Mahmoud Triki a vu la participation de plusieurs universitaires nationaux et d'autres venus de France, d'Autriche, de la Tunisie et du Maroc.