Cristiano Ronaldo a illuminé le premier clasico de Zinédine Zidane comme entraîneur : buteur providentiel, le Portugais a offert in extremis la victoire au Real Madrid face au leader Barcelone (2-1), terrassé pour la première fois depuis six mois, samedi en championnat d'Espagne. En cette soirée d'hommage au mythe Johan Cruyff, décédé la semaine dernière, le Barça aurait aimé une autre issue dans le choc de la 31e journée au Camp Nou. Et le Real, réduit à dix contre onze dans les dernières minutes, ne pouvait rêver de meilleur scénario pour laver l'affront subi au match aller (0-4). Dans un final haletant, la frappe de Ronaldo à angle fermé (85e) a donné un avantage peut-être flatteur au Real, qui avait auparavant égalisé sur un ciseau de Karim Benzema (62e) après une tête de Gerard Piqué sur corner (56e). Les Madrilènes ont néanmoins marqué alors qu'ils étaient en infériorité numérique après l'exclusion de Sergio Ramos (84e) et alors qu'un but venait d'être injustement refusé à Gareth Bale (80e), symbole des erreurs d'arbitrage qui ont émaillé la rencontre. Quant au Barça, il peut s'en vouloir de n'avoir pas plié le match plus tôt. Quand on connaît la puissance de feu de Barcelone, ce succès a des airs de victoire fondatrice pour Zidane : voilà le Français conforté en vue de la conquête de la Ligue des champions au printemps, voire en vue d'une poursuite de son bail la saison prochaine. «Pour le moral et pour le reste de la saison, c'est très important d'avoir gagné ici», s'est réjoui «Zizou». Coup d'arrêt pour Barcelone C'est en revanche un coup d'arrêt pour Barcelone, qui a vu sa folle série d'invincibilité s'arrêter à 39 matches toutes compétitions confondues, un record en Espagne. «La défaite t'apprend aussi des choses», a philosophé l'entraîneur barcelonais Luis Enrique, rappelant que son équipe était encore largement en tête du classement. Le Barça (1er, 76 pts) voit cependant revenir à six longueurs l'Atletico (2e, 70 pts), vainqueur un peu plus tôt du Betis Séville (5-1) grâce notamment à un doublé d'Antoine Griezmann. Et le Real Madrid (3e, 69 pts) n'est plus si loin derrière, à sept journées de la fin. Au Camp Nou, tout n'a pas été facile pour l'équipe de Zidane, tant le Barça a semblé n'avoir aucun mal à s'approcher de la cage madrilène. Mais le club catalan s'est montrée brouillon dans le dernier geste (10e, 19e, 22e, 42e). Et le gardien merengue Keylor Navas a sauvé le Real devant Ivan Rakitic (19e). Coup d'éclat pour Zidane En somme, le Real a beaucoup subi : sur un trois contre trois, Ramos a fauché Messi à l'entrée de la surface. Apparemment la faute était commise juste en dehors, donc ne justifiait pas un penalty, mais c'était bel et bien une faute qui aurait pu valoir un second carton jaune à Ramos (24e). Il l'obtiendrait plus tard, et de manière méritée (84e). Dans ce match fermé, Piqué a cru faire la différence avec une tête sur corner (56e) qui a mis le Camp Nou en transe. Mais cette euphorie n'a pas duré puisque six minutes plus tard, Benzema catapultait le ballon au fond, d'un ciseau à bout portant pour égaliser (62e). Et dans un final débridé, Ronaldo a profité des espaces offerts pour marquer à angle fermé, entre les jambes du gardien, le but de la délivrance (85e), son 29e cette saison en Liga. Zidane avait souvent brillé en tant que joueur au Camp Nou ? Dix ans après sa dernière sortie ici-même, le jeune entraîneur français y a réussi son baptême du feu, après avoir vibré de manière démonstrative sur le bord du terrain. «Je ne peux pas le contrôler, c'est comme ça. Je le vis totalement», a souri le Français, heureux de son premier coup d'éclat.