Quand bien même nous répugnons à parler des embuscades qui ne sont pas fréquentes, il faudrait cependant que l'on en parle pour que l'indifférence ne soit pas une tradition, et qu'il ne soit pas perçu que la violence va désormais faire partie de notre paysage. Qui combattre et comment ? L'intégrisme, disait Réda Malek, est la matrice porteuse du terrorisme. L'intégrisme, disait Saïd Sadi, c'est comme la mort, on ne l'essaie qu'une fois. Une réunion programmée par le gouvernement en présence d'officiers supérieurs avait traité du sujet du «terrorisme islamiste». Au niveau supérieur, donc, à un haut niveau des institutions, il y a une convergence à savoir d'abord qu'il s'agit du terrorisme, ce qui implique explicitement que nous ne sommes pas dans une situation de guerre civile, et que nous ne sommes pas dans une situation de conflit interne armé. En dehors du traitement «militaire» de la question du terrorisme, il devrait bien y avoir un traitement immatériel en accompagnement. Le pouvoir a préféré combiner l'usage des moyens «militaires» avec l'offre d'une réintégration à la société. Serait-ce la seule voie disponible, quand il est soutenu qu'il y a une relation étroite entre terrorisme et intégrisme, entre terrorisme et islamisme ? Lorsque des convictions acquises par matraquage subversif sont à la base de la croyance par les éléments des groupes armés qu'ils «combattent» pour une cause agréée au niveau divin, il faudrait bien que la réponse leur soit donnée également sur le même registre. Des concepts nouveaux devraient normalement structurer la pensée et aboutir à la conception des implications sur le plan opérationnel. Bien sûr que cela nécessite d'abord la clarification du contenu de ces concepts pour distinguer d'entre toutes les thérapies celles qui devraient être appliquées. Quelle différence entre intégrisme et islamisme ? Réda Malek, en tant que sommité intellectuelle, n'avait pas voulu aller au fond de sa pensée en disant que l'intégrisme est la matrice porteuse du terrorisme. En plus, quand il avait dit que «la peur doit changer de camp», il plaçait certainement la lutte sur le plan de l'usage des moyens de force. En n'énonçant des concepts qui devraient à eux tous seuls structurer les programmes de lutte antiterroriste et en figeant la démarche à leur seul énoncé, cela pouvait laisser entendre que la cible est pointée du doigt pour les moyens de sécurité, et que peut-être avait-il été pensé que cela suffirait. Et pourtant, la «rahma» était déjà en application. Il avait été mis fin de fonction au gouvernement Malek et cette mise à fin de fonction interrompait le processus de pensée fondé sur tous les éléments constitutifs du traitement immatériel.