«Se rendre ou se suicider», disait Zerhouni des terroristes. «Les terroristes vivent leur dernier quart d'heure», disait Benmansour. «Le terrorisme est un phénomène étranger à notre société», disait encore ce dernier. «Le terrorisme de salon», disait Hardi, lui-même victime du terrorisme. «Terrorisme résiduel», disait Ouyahia. «Intégrisme matrice porteuse du terrorisme», disait Réda Malek. Cela n'avance à rien que de dire que c'est un phénomène étranger à notre société. Comment plutôt l'extirper de notre société, car il faudrait d'abord reconnaître son existence pour, ensuite, définir une thérapie. Comment mobiliser les populations, si l'on affirme que le terrorisme est finissant ? Quand on parle de lutte antiterroriste, on pense immédiatement et exclusivement aux moyens militaires. On pense immédiatement à l'armée. Plutôt que de s'appesantir sur les victoires, on se focalise sur les attentats qui touchent leurs objectifs. Gaspillage ou rentabilisation de l'usage stratégique des moyens militaires ? Inadaptation des institutions aux exigences des missions à exercer en amont des insécurités ? Peut-on dissuader ceux qui acceptent de se faire exploser et qui croient qu'en devenant des bombes humaines, ils entrent encore plus dans la grâce de Dieu ? Un attentat de plus n'est plus alors un attentat de trop pour les terroristes. D'où le terrorisme tire-t-il les éléments de sa survie et, parfois, de son renforcement ? Du fait que toute une armée régulière, renforcée par des Patriotes, des GLD et la Garde communale, n'arrive pas à éradiquer le terrorisme ? Comment parvenir à la paix ? Il y en a qui estiment que la paix est le résultat d'une victoire militaire, où le vaincu est soumis aux conditions du vainqueur et sans négociation aucune. Y a-t-il maintenant des guerres qui se gagnent ainsi ? Dans ces conditions, le vainqueur sera contraint en permanence à interdire au vaincu toute possibilité de réorganisation pour prendre sa revanche. Comment assurer une victoire militaire quand l'endoctrinement permet de maintenir la propension à la pratique de la violence ? Dans ce cas, il ne s'agira pas d'une paix véritable, mais d'une guerre froide où le vainqueur se trouvera constamment en train de renforcer ses moyens de répression au titre de la prévention et fermera l'accès aux libertés publiques et politiques.