L'opération de l'emprunt national a été lancée, officiellement mardi soir, et entrera en vigueur le 17 avril prochain. A cet effet, le ministre des Finances, Abderahmane Benkhalfa, a déclaré, mardi soir, que cette démarche «marque un retour progressif à un modèle de financement économique rénové». Lors d'une cérémonie officielle dans la résidence Djnane El Mithak, en présence de ministres et des chefs d'entreprise, le ministre des Finances a expliqué dans son allocution, que l'emprunt national est ouvert pour tout le monde. «Cette opération est basée sur l'idée de mobiliser l'épargne nationale, que ce soit celle existant chez les ménages, les entreprises structurées ou se trouvant au niveau des milieux d'affaires non structurés mais utilisant des capitaux sains», a-t-il précisé à cet effet. Une opération consacrée à l'investissement économique Par ailleurs, Abderahmane Benkhalfa a assuré, lors de son discours, sur l'objectif de ce fond, «chaque dinar collecté dans le cadre de l'emprunt obligataire sera orienté vers des investissements économiques, qu'ils soient structurants comme les ports, les chemins de fer, les zones industrielles, le logement promotionnel ou les réseaux d'irrigation, ou destinés à l'élargissement des entreprises économiques», a-t-il expliqué. Il a, notamment, affirmé que l'opération visait «la mobilisation des capitaux formels et informels sains». Contrairement à cela, tout ce qui concerne les projets relatifs à l'éducation et à la formation, la santé publique, la solidarité, la promotion de la jeunesse et des infrastructures ainsi que le développement local notamment dans le Sud et les Hauts-Plateaux «resteront des prérogatives de l'Etat qui seront financées sur son budget», a expliqué Benkhalfa. Ce modèle de financement n'écarte toutefois pas un «recours sélectif à certains financements extérieurs préférentiels qui seraient mobilisés avec des coûts très avantageux et conformément à la législation régissant ce domaine», a souligné le ministre. Comprendre l'emprunt obligataire L'emprunt obligataire national est une opération lancée par le gouvernement, qui rentrera en vigueur le 17 avril prochain. Cette démarche a été opérée suite à la chute des prix du pétrole qui, par conséquent, a diminué les ressources financières de l'Etat. Cependant, la collecte de ces fonds sera destinée uniquement à l'investissement économique. La rémunération annuelle fixée pour l'emprunt, à savoir 5% pour les titres à maturité de 3 ans et 5,75% pour ceux de cinq ans, ne représente de ce fait qu'un partage de revenus de ces investissements, entre l'Etat d'une part, et les souscripteurs de l'autre. L'emprunt sera ouvert à la souscription auprès des réseaux bancaires et des centres postaux à compter de dimanche prochain. Des économistes présents à la cérémonie ont prédit un succès à l'opération. «Je suis profondément convaincu de ce projet (l'emprunt) car le financement de l'économie à travers la mobilisation de l'épargne privée a fait ses preuves dans le monde et dans des pays voisins», a expliqué Raouf Bousekkine, cité par APS, professeur en économie à l'université d'Aix-Marseille. Pour l'expert financier Adel Si-Bouekaz, l'emprunt constitue une alternative pertinente pour la mobilisation de l'épargne excédentaire, qui va améliorer le niveau de confiance entre l'Etat et les souscripteurs ainsi que le niveau de la gouvernance. L'autre expert financier, Rachid Sekkak, a pour sa part estimé que le taux fixé pour les commissions bancaires sur les fonds collectés dans le cadre de l'emprunt était énorme, en ajoutant que «la rémunération offerte est à risque zéro, ce qui constitue un préalable à la modernisation financière». De son côté, Boualem Djebbar, président de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF) a assuré que les banques étaient prêtes pour le lancement de l'emprunt en souhaitant que l'opération réussira à drainer de «l'argent frais, c'est-à-dire en dehors du circuit bancaire». Interrogé par la presse, à l'issue de la cérémonie, sur l'intérêt que porte le Forum des chefs d'entreprises pour l'emprunt, son président Ali Haddad a confirmé sa participation, ajoutant «ceci dit, l'emprunt vient d'être lancé, laissez nous y réfléchir». Il a estimé que la rémunération fixée pour les bons souverains était «très conséquente comparée aux taux d'intérêt bancaires».