Première puissance économique africaine depuis le premier trimestre 2014, premier pays producteur de pétrole en Afrique, le Nigeria qui conserve, par ailleurs, sa confortable position de première puissance démographique (180 millions d'habitants) du continent, retient de plus en plus l'attention des médias. Seulement, dans les chaînes de télévision ou les colonnes des journaux, cette triple puissance qu'est le Nigéria est désormais réduite à un nom devenu son synonyme : Boko Haram. Présenté par les «grands» médias à la botte des lobbies comme un groupe de «fous de Dieu», Boko Haram n'aurait pas d'autres visées que de créer un califat dans une partie du Nigeria, à défaut de soumettre tout le pays à la loi islamique, la charia. Aucun lien avec les puissances impérialo-capitalistes engagées dans une lutte à mort pour conserver l'hégémonie mondiale face à la Chine. Et grâce à la grande communication faite autour de l'«enlèvement» le 14 avril 2014 de plus de 200 jeunes filles (le nombre varie en fonction des sources) dans la localité de Chibok, la secte islamiste a acquis une renommée planétaire. Ses actions sont relayées autant que celles des autorités nigérianes sont censurées. Mais est-ce une surprise si ces médias «oublient» systématiquement de dire à qui profitent en dernier ressort les crimes commis par la secte Boko Haram ? Pourquoi la grande presse occidentale garde-t-elle un silence complice sur les origines des fonds et des armes lourdes qui permettent aux adeptes de Boko Haram de semer la mort au Nigéria, et au Cameroun ? Pourquoi les médias qui arrosent le monde ne diffusent-ils pas ce câble de Wikileaks qui citait nommément l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique à Abuja comme le coordinateur des actions de déstabilisation du Nigeria ? Face à la redéfinition des équilibres géostratégiques imposée par la pénétration de la Chine en Afrique, Boko Haram comme la Séléka en République centrafricaine est devenue une arme redoutable pour préserver la mainmise des multinationales occidentales sur les matières premières et accélérer la mise en place d'Africom, le commandement militaire étasunien pour Afrique