« Les dirigeants nigérians ne sont pas satisfaits du soutien américain dans notre lutte contre les terroristes », déclare Adebowale Adefuye, l'ambassadeur nigérian aux Etats-Unis, dans un discours qu'il a prononcé lundi devant les membres du Council of Foreign Relations à Washington. Raison de ce mécontentement : le « niet » américain à une demande d'achat d'armes formulée par les Nigérians pour pouvoir « porter un coup fatal » à Boko Haram. « Jusqu'à présent, le gouvernement américain a refusé toutes les demandes du Nigeria d'acheter des équipements qui auraient pu nous permettre de nous débarrasser rapidement des terroristes », dit-il. Motifs avancés par les Américains pour justifier leur « non » : les « rumeurs » et les comptes rendus faisant état de violation des droits de l'homme de la part de l'armée nigériane dans sa lutte contre les islamistes. Adebowale Adefuye nie en bloc ces accusations et s'interroge sur l'« utilité » et surtout la « mission » assignée aux militaires et conseillers du département d'Etat qui sont au Nigeria depuis plusieurs mois pour aider à retrouver les 276 lycéennes enlevées par le groupe terroriste le 14 avril dernier. « Nous trouvons difficile de comprendre comment et pourquoi, malgré la présence américaine au Nigeria avec leurs équipements militaires sophistiqués, Boko Haram pourrait gagner du terrain et devenir plus meurtrier », dit-il, se demandant si, en condamnant systématiquement les attaques menées par Boko Haram tout en ne cessant pas d'appeler l'armée nigériane à la retenue dans sa lutte contre les islamistes, et à ne pas mener d'opérations de représailles, les Etats-Unis jouaient franc jeu avec son pays où la situation sécuritaire devient de plus en plus précaire. Le groupe Boko Haram serait-il devenu comme la Séléka en République centrafricaine, Aqmi au Sahel, une rme aux mains des puissances occidentales ? Soucieuses de préserver leur mainmise sur les matières premières d'un continent fort convoité, notamment par la Chine et les pays émergents, ces puissances installent leurs bases militaires. Beaucoup de connaisseurs du continent noir croient à cette thèse.