Il arrive que parfois des attentats soient lus en valeur absolue et non relative et que des conclusions en soient tirées rapidement, alors que c'est le sens de la tendance qui permet de fournir des éclairages dans un contexte de réduction des incertitudes. Pourquoi ne pas remonter à octobre 1988 ? Sur la lancée des événements d'octobre 1988, pratiquement sans transition, l'Algérie avait abordé une situation dans laquelle étaient entrés en conjonction presque simultanément trois phénomènes réellement nouveaux par rapport à la tradition. Entrée dans le libéralisme pratiquement brutalement avec une économie déphasée dans un contexte d'amincissement drastique des marges de manœuvre financières, entrée dans un multipartisme non balisé avec des projets incompatibles entre eux, si incompatibles qu'il est devenu difficile que les alternances puissent se faire sans douleur et sans remise en cause des grandes politiques de l'Etat, entrée dans ce qu'on a appelé la violence avec des moyens de sécurité conçus pour d'autres scénarios, la situation qui s'était présentée étant en totale rupture avec ce qui a été vécu traditionnellement durant les décennies précédentes où toutes les variables étaient maîtrisables. Sur le plan intérieur, il y a eu déchirure progressive du tissu social sans que n'émerge un pôle politique de puissance