A lire la basse-cour médiatique, tout est fini en Syrie. Faut dire que l'imMonde et consorts ne goûtent guère les victoires d'Assad ou des Russes... Pourtant, malgré la trêve de plus en plus virtuelle, les combats font rage. Moscou envoie convoi sur convoi vers sa base navale de Tartous. Le dernier bateau à avoir nargué Erdogan en passant par le Bosphore était chargé de véhicules militaires, vraisemblablement des tanks. Préférant regarder ailleurs, le sultan continue dans la lignée de ce que nous annoncions il y a quelque temps, à savoir le lâchage de Daech pour le mix Al Qaïda-Ahrar al-Cham. Ainsi, l'artillerie turque aurait tué une cinquantaine de petits hommes en noir la semaine dernière, au nord d'Alep. Si le calife Baghdadi ne peut plus compter sur la Turquie, où va-t-on ? Al Qaïda semble d'ailleurs fédérer l'admiration de tout le monde (pour la seule fois de sa vie, Fabius fut un pionner). Après avoir livré 3 000 tonnes aux enfants de Ben Laden, les Américains semblent tout faire pour empêcher Assad et ses alliés de reprendre Alep, ce qui commence à échauffer les oreilles, y compris de certains sénateurs US. Les grandes manœuvres ont commencé dans le sud d'Alep (d'où l'envoi des tanks russes ?) où les Sukhois et Mig intensifient leurs bombardements. Mais les djihadistes modérés si chers à l'Occident font preuve de résilience et ont même frappé un grand coup en faisant exploser un tunnel sous une position des loyalistes, tuant 46 soldats. A l'est de Damas, les combats continuent également dans la Ghouta où, cette fois, c'est l'armée qui a tendu une embuscade aux islamistes, qui se battent d'ailleurs entre eux pour conserver un territoire chaque fois moins étendu. Dans un autre registre, nous avions déjà évoqué la double visite israélienne à Moscou avec notamment l'humiliation de «Bibi la terreur». Selon certaines indiscrétions et au-delà des discussions à huis clos sur la Syrie, un autre thème, crucial, a été abordé : le gaz. Les deux étant d'ailleurs intrinsèquement liés comme nous allons le voir... En 2010 a été découvert Léviathan, un très gros gisement offshore au large des côtes israéliennes, mais que le Liban et Chypre disputent aussi à l'Etat hébreu. Même si une compagnie, Delek Energy, associée à une société texane, la mal nommée Noble Energy, ont commencé à prospecter, le développement du champ gazier est peu ou prou bloqué. La faute à d'énormes investissements difficiles dans un contexte de baisse des cours, aussi et surtout à une bataille politico-judiciaire intra-israélienne. En 2012, le géant Gazprom avait déjà proposé d'entrer dans le tour de table mais ses avances avaient été, à l'époque, rejetées sous pression américaine. Ce n'est peut-être plus le cas désormais... Beaucoup de choses ont en effet changé depuis : -La relation américano-israélienne est à son plus bas historique (accord sur le nucléaire iranien, soutien de Washington aux Frères musulmans égyptiens et même putsch néo-nazi du Maïdan très mal vu à Tel Aviv). -L'inexorable montée en puissance russe au Moyen-Orient via l'intervention en Syrie et ses conséquences (alliance de facto avec le Hezbollah, rupture avec la Turquie). (A suivre)