Les députés allemands ont voté, vendredi dernier, un projet de loi proposant de classer l'Algérie, le Maroc et la Tunisie sur la liste des Etats sûrs. Cependant, cette adoption n'est nullement l'intérêt des pays classés en cette catégorie. Il semble y avoir une finalité pour l'intérêt de l'Allemagne qui tente coûte que coûte d'expulser ses ressortissants déboutés au droit d'asile. Plus de 400 membres de la chambre basse du Parlement fédéral d'Allemagne ont voté, vendredi, en faveur de ce classement. Par ailleurs, 143 parlementaires se sont opposés à cette proposition de loi et 3 autres ont choisi de s'abstenir. Ce changement attendu dans la législation allemande va permettre aux autorités de Berlin d'accélérer le pas pour expatrier hors des frontières du pays, des ressortissants maghrébins dont les demandes d'asile ont été refusées. Selon l'agence mondiale Reuters, le délégué du gouvernement fédéral aux droits de l'Homme et à l'aide humanitaire, Bärbel Kofler, a voté contre ce projet en raison des atteintes aux droits de l'Homme prouvées et documentées commises selon la députée dans les pays concernés. Par ailleurs, selon la même source, le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière qui défendait ce projet, a souligné que 0,7% seulement des demandeurs d'asile venant des trois Etats l'avaient obtenu au cours du premier trimestre. «Classer ces trois pays d'Afrique du Nord comme pays sûrs et décider à l'avenir du sort des demandes d'asile en recourant à une procédure accélérée affecte considérablement l'essence du droit fondamental à l'asile», selon la présidente de l'association Diakonie, Lily Ulrich, citée par le groupe médias allemand RND. L'ancien diplomate algérien, Rabah Toubal, cité par le site électronique «Algériepatriotique», a déclaré que cette loi adoptée est «un cadeau empoisonné». En effet, l'ancien diplomate relève que de cette manière le gouvernement pourra expulser facilement vers l'Algérie et les autres pays concernés, leurs ressortissants qui avaient bénéficié du droit d'asile et dont les demandes de prolongation ont été rejetées. Le même responsable explique que «ce qui apparaît comme un satisfecit ou un bon point, généreusement attribués par les autorités allemandes, n'est en réalité qu'un cadeau empoisonné, destiné à permettre à l'Allemagne de se débarrasser du lourd fardeau que constituent les milliers de réfugiés originaires de ces trois pays d'Afrique du Nord». Il faut rappeler que le dossier des ressortissants algériens a été évoqué par la chancelière allemande, Angela Merkel, lors de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en janvier 2016. Lors d'une conférence de presse conjointe, le 12 janvier de l'année en cours, Angela Merkel a demandé à Abdelmalek Sellal d'accélérer le pas pour l'opération de rapatriement des ressortissants algériens déboutés du droit d'asile en Allemagne. Il est à noter qu'il existe un accord censé organiser le retour des expatriés en Algérie depuis des années. Dans ce sens, les autorités allemandes se plaignent de longue date du peu d'efficacité de l'accord. A ce sujet, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a expliqué, le gouvernement doit « s'assurer d'abord qu'il s'agit bien d'Algériens, ce qui peut ralentir la procédure».