Pour le Premier ministre Abdelmalek Sellal, la situation engendrée par la chute des prix des hydrocarbures a incité le gouvernement à revoir son modèle économique, l'Algérie a les potentialités de surmonter la crise. Selon mon humble avis, contrairement à certains discours voyant déjà l'Algérie au bord du gouffre, le pays n'est pas en faillite. Malgré une situation difficile, il faut le reconnaître, la situation actuelle, le monde traversant à la fois une crise économique et morale, la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale devenant une urgence de sécurité mondiale qui sera au centre de plusieurs rencontres internationales aux plus hauts niveaux entre 2016/2017, est différente de la crise de 1986 avec le niveau relativement élevé des réserves officielles de change, bien qu'en baisse et le niveau historiquement bas de la dette extérieure. Mais, il faut être réaliste, l'Algérie, mono exportatrice d'hydrocarbures à 98/%, y compris les dérivés ne pourra surmonter les «chocs» externes que sous réserve de dix(10) conditions, objet de cette présente contribution. 1.-Une nouvelle gouvernance devant investir dans les institutions démocratiques tenant compte de notre anthropologie culturelle devra réaliser la symbiose Etat-citoyens, se fondant sur une plus grande moralité tant des dirigeants que de la société afin de redonner CONFIANCE sans laquelle aucun développement n'est possible. Cela passe par un langage de vérité loin de toute vision populiste nécessitant l'émergence de leadership et le primat à l'économie de la connaissance fondement de la maîtrise des technologies en perpétuel innovation mais également favoriser l'esprit critique renvoyant à l'émergence d'une élite intellectuelle relativement autonome. 2.- Avec les tensions géostratégiques qui s'annoncent aux niveau des frontières de l'Algérie et généralement au niveau de la région africaine et euro-méditerranéenne , une mobilisation de toute la Nation, personne n'ayant le monopole du nationalisme, car les ajustements économiques et sociaux 2016/2020 avec les réformes structurelles, seront douloureux nécessitant un minimum de consensus social d'où l'importance de réseaux décentralisés tant internationaux que locaux et donc d'intermédiations politiques économiques et sociaux crédibles. 3.-Une réorientation de la politique socio-économique pour une transition de la rente au marché (démonopolisation par une saine concurrence et débureaucratisation de la société et de l'économie), tenant compte de la quatrième révolution industrielle L'on devra éviter tant tant l'illusion monétaire que le mythe de l'ère mécanique du passé nécessitant des stratégies d'adaptation tenant compte tant des nouvelles mutations mondiales que des mutations sociales internes avec la pression démographique engendrant des besoins croissants, devant concilier l'efficacité économique et une profonde justice sociale( pas l'égalitarisme) qui n'est pas l'antinomie de l'efficacité. 4.-Lié au facteur précédent asseoir une politique de développement réaliste, libérant toutes les énergies créatrices, entreprises publiques er privées nationales et internationales sans distinction créant la richesse, mettant fin aux contraintes d'environnement par un assainissement du climat des affaires, évitant le mythe croire que des Lois sont la solution, éviter le changement perpétuel d'organisations et de cadres juridiques, alors qu'il s'agit de s'attaquer au fonctionnement de la société, tenant compte des avantages comparatifs mondiaux. Les segments à promouvoir sont les segments agricoles, les nouvelles technologies, certains segments industriels au sein de filières internationalisées et du tourisme devant favoriser le partenariat gagnant/gagnant par la prise en compte de la concurrence internationale pour attirer les IDE. Par ailleurs, on n'intègre pas la sphère informelle au sein de la sphère réelle par des sentiments, des mesures monétaires déconnectées de la réalité sociale, mais par la mise en place de mécanismes de régulation transparents. 5.-Assouplir la règle des 49/51% généralisée( faire le bilan depuis 2009) à tous les secteurs, reposant sur l'idéologie rentière, inopérantes, où l'Algérie supporte tous les surcoûts, devant définir avec précision ce qui est stratégique, notion historiquement daté et ce qui ne l'est pas, en introduisant une minorité de blocage pour éviter les délocalisations sauvages. Les assainissements répétés de certaines entreprises publiques ne sont plus tenables. 6.-D'ores et déjà prévoir un nouveau modèle de consommation énergétique reposant sur un Mix énergétique ( le baril à plus de 80 dollars c'est terminé), le monde s'orientant vers une profonde mutation énergétique avec un nouveau Pouvoir énergétique mondial, devant éviter de raisonner sur un modèle de consommation énergétique linéaire du passé. 7.- Une nouvelle politique des transferts sociaux et des subventions ciblées devant aller aux catégories les plus défavorisées et aux secteurs créateurs de valeur ajoutée d'une manière transitoire en attendant que le prix du marché reflète la véritable valeur reposant sur la production et la productivité réelle dans le cadre des valeurs internationales. 8.-Afin d'éviter l'amenuisement des réserves de change qui tienne la valeur du dinar algérien, l'emploi et le niveau de la dépense publique via la rente des hydrocarbures à plus de 70% , aller vers un endettement ciblé uniquement pour les segments créateur de valeur ajoutée qui permettent de rembourrer le principal et les intérêts. 9.- La solution réside avant tout en les Algériens, devant éviter de voir l'ennemi de l'extérieur cause de tous nos maux afin de voiler les difficultés internes. Avec des objectifs stratégiques précis, le retour à la confiance, la moralité de ceux qui sont chargés de gérer la Cité afin de pouvoir mobiliser la population, en évitant de dépenser sans compter et de profondes réformes structurelles, micro-économiques et institutionnelles, certes difficiles, car déplaçant d'importants segments de pouvoir assis sur la rente. 10.- La réforme globale concerne les institutions (bureaucratie devant aller vers la décentralisation réelle et non la déconcentration), le système financier, le système socio-éducatif et l'épineux problème du foncier impliquant une visibilité et cohérence de la politique socio-économique évitant ces discours contradictoires et ce télescopage entre différents départements ministériels. En bref, un sursaut national s'impose, si l'on veut éviter l'épuisement du fonds de régulation des recettes fin 2016, début 2017, les réserves de change 2018/2019, le processus inflationniste, la détérioration du pouvoir d'achat et un taux de chômage accéléré, tout cela pouvant conduire à la déstabilisation du pays avec des incidences régionales. L'Algérie peut traverser cette phase difficile, ayant les moyens. Aussi évitons tant la sinistrose que l'autosatisfaction déconnectée des réalités, source de névrose collective. [email protected] NB- Ancien émigré ayant effectué se études primaires-secondaires, une fraction du supérieur à Lille (France) Professeur agrégé des Universités, Abderrahmane Mebtoul, Expert international – membre de conseils scientifiques de plusieurs organisations internationales, Docteur d'Etat en sciences économiques (mention très bien félicitations du jury - 1974) -expert comptable de l'Institut supérieur de gestion de Lille –auteur de 20 ouvrages et de plus de 500 contributions nationales et internationales- a dirigé plusieurs audits pour le compte des gouvernements successifs audit de Sonatrach 1974/1976- bilan de l'industrialisation 1977/1979- le dossier du secteur privé pour le compte du comité central du FLN 1979/1980 –le dossier de l'habitat pour le compte de la présidence de la République (1981/1982), le dossier de l'emploi et des salaires pour le compte de la présidence de la république (2008/2009) - récemment pour le compte du Premier ministère, le dossier de la relance économique 2014/2020 assisté de 23 experts ( 10 volumes ) – le dossier du pétrole-gaz de schiste assisté de 21 experts internationaux ( 8 volumes février 2015).