Le pipeau total de la guerre des USA contre le soi-disant Etat Islamique était récemment démontré par A+B lors d'une séance du Comité du service des armées du Sénat US (US Senate Armed Services Committee (SASC)). Cette séance concernait la nomination du général Joseph Votel à la tête de l'état-major des armées (US Central Command) et du lieutenant général Raymond Thomas à la direction du commandement des opérations spéciales US (US Special Operations Command). Tandis que l'Armée arabe syrienne, épaulée par les forces aérospatiales russes, continue à couper des armées entières de terroristes de leurs lignes de ravitaillement à l'étranger, à les encercler et à les éradiquer à l'intérieur même du territoire syrien, les USA ont plutôt l'air d'essayer d'étirer au maximum l'existence de Daech, tout en maintenant le plus longtemps possible l'illusion qu'ils combattent réellement l'organisation terroriste. A plusieurs reprises au cours de cette séance du SASC, les sénateurs US (John McCain entre autres) ont présenté les récents revers et défaites de Daech – notamment la pression récemment mise sur Raqqa, capitale instituée de Daech en Syrie – comme autant de succès des opérations US au Proche-Orient. En réalité, le crédit de ces victoires revient intégralement à la capacité des forces syriennes et russes à priver totalement Daesh du flot de ravitaillement qui lui parvenait principalement depuis la Turquie, membre de l'OTAN, de la Jordanie, alliée des USA, et qui passait dans les deux sens la frontière syro-irakienne. En dehors de la prétendue élimination ponctuelle de pontes de Daech, les USA n'ont littéralement rien fait pour diminuer significativement la capacité militaire de Daech sur le terrain. Les pilotes russes et syriens, eux, ont systématiquement pulvérisé le réseau logistique de Daech et d'Al-Qaïda, au point de traîner sous les feux de la rampe leurs sponsors étrangers – en particulier la Turquie, qui est allée jusqu'à faire abattre un chasseur bombardier russe en opération le long de la frontière syro-turque. Tandis que Russes et Syriens sectionnaient une à une les lignes de ravitaillement qui, à travers les frontières syriennes, alimentent les positions d'Al-Qaïda et de Daech, les Occidentaux et leurs alliés régionaux se trouvaient progressivement acculés à tenter d'empêcher de plus en plus ouvertement la fin inéluctable du conflit. Cela dit, cette séance du SASC était d'autant plus éloquente que, bien que Daech y ait été régulièrement évoqué, les propos des sénateurs et des deux généraux indiquaient très clairement que leur seul véritable objectif en Syrie restait le renversement du gouvernement syrien et l'éviction de l'influence de la Russie et de l'Iran, afin de maintenir l'hégémonie américaine au Proche-Orient et dans le reste du monde – Daech n'étant finalement qu'une excuse pour se maintenir militairement dans la région et continuer d'y poursuivre ces mêmes buts. (A suivre)