Un nouveau projet musical intitulé «Argel de La Havana» (Alger de La Havane), un brassage entre le châabi et le diwan algérien et des musiques traditionnelles cubaine à forte résonance africaine a été présenté, jeudi soir, pour la première fois à Alger par Amazigh Kateb. Lors de ce spectacle, organisé par le promoteur privé «Well Sound», Amazigh Kateb a présenté la nouvelle formation musicale travaillant sur ce projet, devant un public d'un millier de spectateurs, constituée de musiciens du groupe «Gnawa diffusion» et de percussionnistes cubains. Sur scène, les similitudes entre le diwan et certaines musiques cubaines comme le «Kongo» et le «Palo», des musiques de cérémonies sacrées que partage le continent africain avec quelques pays d'Amérique, a produit une réelle harmonie entre ces styles que la sacralité rassemble malgré l'éloignement géographique. Maîtrisant à la perfection des rythmes africains introduits dans les Caraïbes par la traite humaine, les maîtres tambours cubains ont trouvé un équilibre pour associer le son du goumbri et parfois même celui de la mandole à des chants mystiques dont certains ont été réécrits en arabe dialectal par Amazigh Kateb. De la même manière, les percussions cubaines ont amplifié celles de quelques morceaux diwan où Amazigh Kateb s'était également essayé à chanter en Yoruba, langue parlée par une ethnie du même nom au Nigéria et au Bénin, comme dans les cérémonies cubaines du «Orisha». Très influencé par les sonorités africaine, Nadjib Ben Bella alias «Dj Boulaone», qui collabore avec «Gnawa Diffusion» a également présenté son nouveau projet «Afrique 3D» inspiré des musiques populaires des principales villes traversées par le fleuve Congo. Ce projet qui est actuellement en tournée dans différents pays est le fruit d'une résidence d'artistes algériens et cubains qui s'était tenue en juin 2015, à l'initiative du photographe Karim Abdesselam, nommée «Tropique du Cancer» et qui avait regroupé plusieurs photographes, plasticiens, musiciens et vidéastes pour explorer les similitudes sociales et culturelles entre les deux pays. Cette résidence de création a déjà donné naissance à une exposition de photographies d'art organisée en mai dernier au musée national du Bardo à Alger. Ayant élaboré un style baptisé «Kongo Gnawa», Amazigh Kateb a expliqué que cette aventure consistait essentiellement à «se chercher si même dans la culture de l'autre», cet autre cubain qui a affronté des moments très difficiles «en se raccrochant à sa culture et son identité». Le projet «Argel de La Havana» devrait être sanctionné par l'enregistrement d'un album livre en 2017, indique le chanteur.