La galerie El-Yasmine poursuit sa vitesse de croisière en ce mois sacré, après un évènement consacré aux artistes Kenza Bourenane, Noureddine Ferroukhi, ou Ali Silem, l'espace chaleureux calme ses ardeurs colorées par une monstration très originale où elle opte, cette fois, pour le trait acidulé, sage et inédit de ce que l'on estime être les pérégrinations du peintre voyageur, Hachemi Ameur. Le tout, pour une aventure déclinée en quelque 67 étapes dessinées. Pour cette fois il s'agit de croquis de voyages entrepris depuis plus de vingt ans dans tous les coins du monde et dans tous les coins d'Algérie. Cette exposition accompagnée de textes de Samia Khorsi, Ali-El Hadj Tahar, Denis Martinez, Ali Silem, Mustapha Nedjaï et Abdelouahab Mokhbi prend juste l'aspect de quelques étapes algériennes, le reste faisant sans nul doute l'objet d'une exposition future. Dans la tradition des grands peintres voyageurs, Hachemi Ameur prend régulièrement son carnet de croquis et prend un plaisir immense à nous transformer avec toute la verve qui le caractérise quelques traits faits au crayon, à l'aquarelle en de superbes viatiques qui fixent dans le temps des scènes d'éternités, des monuments majestueux ou des scènes de tous les crus algériens qui font plaisir à voir, qui émeuvent, attristent ou instillent de la joie dans les yeux et dans les cœurs. A la galerie El Yasmine, sous les encouragements du sieur Lyès Khelifati, maître des séants, l'exposition s'est faite et c'est pour le plus grand bonheur des visiteurs que le plasticien qui est aussi un grand miniaturiste laisse entrevoir sur les murs de ce très bel espace une grande partie de ses travaux pris sur le vif, croqués l'espace de quelques regards fugaces et de crayonnés virevoltants sur le papier au grammage de haute facture. Hachemi Ameur sortant de l'école des Beaux-arts d'Alger parfait son art en Chine où il acquiert la technique du dessin à un haut niveau d'exécution, et ce n'est pas un hasard s'il revient avec une sorte de boulimie du trait qui fait de son énergie naturelle le moteur d'une création tout azimut dont le plasticien fera du dessin le dénominateur principal. Dans un ensemble parfait aux compositions inédites à chaque escale de son art, Hachemi Ameur opte pour la note classique du croquis dans toute sa splendeur, pourquoi le superlatif splendide parce que, justement, dans la simplicité du trait entrepris dans le dénuement même du témoignage dessiné se trouve la perfection même de l'essentiel de la scène. L'artiste croquant son sujet laisse le talent suinter dans les traits principaux du thème et nous résume le monde en quelques traits fusant sur le papier. De temps à autre, le plasticien renoue avec la peinture ou le pastel pour donner le ton à ses scènes de genres, ses paysages, compositions et natures mortes pour nous inscrire dans la grande tradition des peintres voyageurs dont une très belle collection reste visible dans le cabinet des estampes du Musée national des Beaux-arts du Hamma. De Tamentit, à Sétif, en passant par la Casbah d'Alger, Tipasa, Timgad, ou les venelles de Mostaganem, par le dessin, Hachemi Ameur nous laisse mener par les yeux vers de très belles incursions artistiques au fin-fond de notre inconscient collectif fait des images les plus belles, le trait vif, l'inspiration fulgurante qui voyage à la vitesse de la lumière, dans cette aventure dessinée. Finalement, il ne manque que le bruit du crayon qui court rapidement sur la feuille, pour atteindre la perfection du fait dessiné, mais cela est une autre histoire, le voyage continue... Exposition Hachemi Ameur, «Carnets de Voyages», Galerie El-Yasmine, en continuation pour le mois de juin 2016.