La Russie a indiqué samedi avoir expulsé deux diplomates américains, dénonçant la «ligne antirusse» des Etats-Unis au lendemain de l'annonce par Washington d'une mesure similaire à l'encontre de deux responsables russes, un accès de tension en plein sommet de l'Otan à Varsovie. L'expulsion annoncée vendredi de deux responsables russes par Washington répondait à l'agression en juin d'un diplomate américain à Moscou. Ces annonces sont intervenues au moment où un sommet de l'Otan à Varsovie, en présence du président américain Barack Obama, devait consacrer le renforcement militaire de l'Alliance sur son flanc oriental et le durcissement de sa ligne face à Moscou à la suite de la crise ukrainienne. Moscou soupçonnant des velléités des Occidentaux de l'encercler, pour assoir leur suprématie. «Après leur initiative inamicale, deux employés de l'ambassade des Etats-Unis ont dû quitter Moscou. Ils ont été déclarés persona non grata pour des activités incompatibles avec le statut diplomatique», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov dans un communiqué. Selon Sergueï Riabkov, les deux diplomates expulsés étaient des agents de la CIA et l'un d'entre eux était l'homme impliqué dans un incident avec un policier russe qui a provoqué cette série d'expulsions. Ligne agressive antirusse «Nous espérons que Washington reconnaîtra la perversité de sa ligne agressive antirusse. S'ils décident de continuer sur le chemin de l'escalade, cela ne restera pas impuni», ajoute Sergueï Riabkov dans le communiqué. Le département d'Etat américain a annoncé vendredi l'expulsion de deux responsables russes en réponse à «l'attaque» d'un diplomate américain par un policier russe à l'entrée de l'ambassade américaine à Moscou. Selon les Russes, le diplomate en question était un agent de la CIA qui a agressé le policier russe alors que ce dernier lui demandait son identité. Le diplomate américain revenait à l'ambassade «déguisé après l'exécution d'une mission d'espionnage», précise Sergueï Riabkov dans le communiqué de la diplomatie russe. Une version réfutée par le porte-parole de la diplomatie américaine, John Kirby, selon lequel un policier russe avait agressé le 6 juin dernier un diplomate américain accrédité qui était en train de pénétrer dans l'enceinte de l'ambassade américaine, bien que ce responsable américain ait décliné son identité. Harcèlement des diplomates américains Cette semaine la télévision d'Etat russe a diffusé une vidéo qui relate l'attaque, affirmant qu'elle montre un policier russe stationné à l'extérieur de l'ambassade plaquer un homme qui est, selon elle, un agent de la CIA sous couverture en train d'entrer dans le bâtiment sans s'être identifié. L'expulsion des diplomates américains est restée secrète jusqu'à la diffusion de la vidéo par la télévision russe, Sergueï Riabkov accusant la diplomatie américaine d'avoir échoué «à tenir sa parole» après avoir demandé à ce que ces expulsions ne soient pas rendues publiques. Pendant que les diplomaties russe et américaine s'accusaient de la responsabilité de ces expulsions par communiqué interposé, l'Otan a mis la dernière touche à sa nouvelle posture stratégique à l'Est. Quatre bataillons (600 à 1 000 hommes chacun) seront notamment envoyés dans les pays baltes et en Pologne. L'Otan a par ailleurs donné le coup d'envoi à la constitution de son bouclier antimissile en Europe, à la fureur de Moscou qui dénonce une «menace directe» pour sa sécurité. Alors que les relations entre l'Occident et la Russie sont au plus bas depuis la fin de la guerre froide, Washington se plaint par ailleurs d'une intensification du harcèlement russe contre le personnel américain à l'étranger. Or, selon les Russes, les diplomates américains violent souvent les protocoles qui régulent leurs déplacements et leurs activités, ainsi que leurs contacts avec les opposants, d'autant que les Américains ont parrainé de nombreuses révolutions de couleur dans les pays limitrophes de la Russie, pour y déloger des présidents amis de Moscou et installer leurs alliés. Comme ça a été le cas en Ukraine.