La guerre froide menace de s'installer de nouveau entre Russie et Occident Une avalanche de sanctions s'est abattue les deux derniers jours sur la Russie accusée par l'Occident de pousser à la tension en Ukraine. Ces actions sans nuances pourraient cependant être contre-productives. La Russie a dénoncé hier un retour de la politique du «Rideau de fer» après les sanctions que lui a infligées l'Occident pour son rôle présumé dans la crise en Ukraine, alors que l'Est du pays demeurait sous haute tension hier. Le Journal officiel de l'Union européenne a dévoilé hier la liste des personnes considérées comme étant «responsables d'actions qui compromettent ou menacent l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine», dans laquelle figurent les chefs de groupes contestataires dans l'est de l'Ukraine. Le chef d'état-major de l'armée russe et le patron du renseignement militaire en font partie. Le Japon a pour sa part décidé hier d'interdire de visas 23 Russes. Tokyo n'a toutefois pas dévoilé leurs noms. Les Américains avaient déjà annoncé lundi des sanctions touchant sept responsables russes et 17 sociétés jugés proches du président Poutine. Washington va également revoir les conditions d'autorisation à l'exportation en Russie de certains équipements de haute technologie susceptibles d'avoir un usage militaire. La Russie a vigoureusement dénoncé hier ces mesures. «Cela frappe nos entreprises et nos secteurs de hautes technologies», s'est indigné hier le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov. «C'est le retour du système créé en 1949, quand les pays occidentaux avaient abaissé le Rideau de fer sur les livraisons de hautes technologies à l'URSS et à d'autres pays», a-t-il déclaré. L'expression «rideau de fer» a été utilisée pendant des décennies par les Occidentaux pour dénoncer la séparation entre l'Est et l'Ouest de l'Europe instaurée par l'URSS. La décision d'instaurer de nouvelles sanctions est «absolument contre-productive», a renchéri un autre vice-ministre des Affaires étrangères, Grigori Karassine. Une telle politique «mène dans l'impasse la situation déjà critique en Ukraine», a-t-il estimé. Le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine a, quant à lui, estimé que les Etats-Unis, avec leurs sanctions qui peuvent avoir un impact sur le secteur spatial, «exposaient» leurs astronautes de la Station spatiale internationale (ISS). Les vaisseaux russes Soyouz sont actuellement le seul moyen d'acheminer et de rapatrier des équipages de l'ISS. De son côté, le géant énergétique Gazprom a averti hier la communauté financière des risques que font peser la crise ukrainienne et les sanctions contre Moscou sur ses profits et son cours en Bourse. Les Occidentaux estiment que Moscou jette de l'huile sur le feu en Ukraine et mène des mouvements de troupes suspects à sa frontière occidentale. Selon l'Otan, elle y aurait massé jusqu'à 40.000 militaires. Lundi, tout en s'engageant à répliquer aux sanctions par des mesures «douloureuses» pour Washington, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou avait cependant assuré son homologue américain Chuck Hagel que «les forces russes n'envahiraient pas l'Ukraine». «Dès que les autorités ukrainiennes ont déclaré qu'elles n'allaient pas avoir recours aux unités militaires régulières contre la population non armée, les troupes russes ont réintégré leurs casernes», a déclaré le ministre russe. M.Choïgou a également «catégoriquement démenti la présence de groupes de sabotage russes dans le Sud-Est de l'Ukraine». Malgré ces prises de bec diplomatiques, l'UE, la Russie et l'Ukraine ont prévu de se retrouver le 2 mai à Varsovie pour une réunion consacrée à la sécurité de l'approvisionnement de l'Ukraine et de l'UE en gaz russe, a annoncé hier la Commission européenne. Dans l'est de l'Ukraine, la situation restait tendue après les violences et les incidents de la veille et alors que le sort des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) détenus depuis vendredi par des pro-russes n'est toujours pas réglé.