Deux russes soupçonnés d'espionnage devenues «persona non grata» à Bruxelles, suite à la guéguerre diplomatique que se livrent l'OTAN et la Russie viennent d'être expulsés de Belgique. En effet, la Belgique vient - sur injonction de l'OTAN ?- d'expulser deux diplomates russes, Viktor Kotchounov, conseiller en chef et Vassili Tchijov, attaché de la représentation et fils du représentant permanent de la Russie auprès de l'Union européenne. Il semblerait que cette expulsion soit le résultat du bras de fer qui oppose l'OTAN, le bras armé des Etats-Unis, aux dirigeants russes qui n'apprécient pas du tout le fait que l'Alliance maintienne les manoeuvres militaires qu'elle organise en Géorgie à partir d'aujourd'hui jusqu'au 1er juin. " Le maintien de ces exercices montre que l'esprit de la guerre froide est toujours vivant ", a d'ailleurs estimé Dimitri Rogozine, l'ambassadeur de Russie auprès de l'OTAN à Bruxelles, accusant les Occidentaux d'encourager la remilitarisation de la Géorgie. Ce haut représentant, journaliste de formation et considéré par les " occidentaux " comme un " nationaliste " et un diplomate qui ne mâche pas ses mots, a dans la même foulée promis " une réponse sévère et déterminée de son pays dans un avenir très proche ". Des manœuvres pour briser les relations USA-Russie ? Selon ce responsable des deux diplomates que l'OTAN accuse d'espions, " des gens mal intentionnés voudraient, briser le désir des présidents russe et américain de remettre à zéro leurs relations bilatérales et empêcher la venue, à Bruxelles, du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avant fin mai pour un conseil OTAN Russie. " Un conseil au cours duquel Hillary Clinton et Sergueï Lavrov devraient se rencontrer pour parfaire cette coopération et mener à terme leurs discussions, afin de préparer, notamment, la visite à Moscou de Barak Obama, prévue au mois de juillet. L'accusation d'espionnage portée à l'encontre des deux diplomates russes par les responsables de l'OTAN, est-elle fondée, ou participe-t-elle seulement d'une " vengeance " de l'Alliance envers Moscou ? Le Kremlin, apparemment n'a pas été désarçonné par ce coup de boutoir " diplomatique ". En effet, si L'OTAN semble avoir utilisé cet artifice en sacrifiant ces deux boucs émissaires, c'est pour faire d'une pierre deux coups. L'OTAN n'a pas digéré l'affaire Herman Simm Le premier étant associé au fait que l'OTAN n'a pas encore digéré l'affaire dite " Herman Simm ", cet estonien sexagénaire, haut fonctionnaire arrêté en septembre dernier parce qu'il aurait fourni aux services russes des informations confidentielles sur l'OTAN et la sécurité européenne, pendant plusieurs années. Une " bombe " qui a " horrifié " les responsables atlantistes et européens car elle est considérée comme l'une des plus graves et importantes affaires d'espionnage que l'OTAN ait subies depuis longtemps. Herman Simm arrêté en septembre dernier occupait, en effet, un poste très important au ministère de la défense estonien et avait accès à toutes les informations ultra confidentielles concernant l'OTAN et les pays de l'Union européenne. De 1995 à 2006, il a remis plus de 2000 pages de renseignements au service russe du renseignement extérieur, le SVR. Il a été condamné à Talinn à douze ans et demi de prison pour le motif d'espionnage et haute trahison. Cet " os " qui est resté au travers de l'OTAN et de l'UE vient donc d'être quelque peu " avalé " avec cette expulsion, que des observateurs avertis estiment être " une réponse ferme à la Russie". L'Otan protège son roi, face à la reine atlantiste Mais l'OTAN est aussi excédée par l'attitude de Moscou qui, pour " répondre " à la provocation atlantiste d'organiser, dès aujourd'hui, des manœuvres en Géorgie, s'est positionnée sur les frontières de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud avec la Géorgie… Evidemment, le Kremlin, qui voyait venir le coup de la " reine " a vite protégé son " roi ". Moscou a tout simplement pris les devants en signant avec Soukhoum et Tskhinval des accords dans lesquels les grades frontières russes assureront la protection des frontières de ces deux capitales. Après le Tadjikistan, c'est, si l'on en croit les russes, seulement la deuxième fois que " les troupes des gardes frontières du FSB (Service fédéral de sécurité) officient hors de la Russie. "Désormais et pour une période de cinq années, la Russie assurera la sécurité des frontières de ces deux territoires séparatistes, dont Moscou avait reconnu l'indépendance après la guerre qui l'opposa contre la Géorgie, en août 2008 et dont les Russes sortirent victorieux. On peut comprendre le dépit et la rage des atlantistes et des européens. Mais il faut aussi reconnaître que Moscou en a assez et de l'élargissement de l'Union européenne à ses frontières et du déploiement de l'Otan au niveau des anciennes républiques du pacte de Varsovie, qui encercle de tout côté la Fédération de Russie… Malgré les pourparlers d'Obama et Medvedev D'ailleurs, Obama et Medvedev qui ont déjà évoqué et discuté de la problématique des boucliers anti missiles avaient abordé la nécessité de trouver un compromis à toutes ces questions qui enveniment les relations américano russes et le partenariat OTAN-Russie. Est-ce dans cette perspective ou à cause de ces " pourparlers " que la protection des frontières de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud va recourir " à de nouveaux moyens techniques modernes, notamment des systèmes de vidéosurveillance et de repérage, ainsi que des drones, ces fameux avions sans pilote ? " Peut-on aller jusqu'à imaginer que nous sommes ici devant " la réponse sévère et déterminée de son pays dans un avenir très proche " promise par Dimitri Rogozine, en réaction à l'expulsion de ses deux fonctionnaires ? C'est fort possible. D'autant que Moscou croit dur comme fer qu'à travers les manoeuvres qui se dérouleront en Géorgie, " l'OTAN est prête à fournir à la Géorgie des informations susceptibles d'être utilisées contre la Russie. " En attendant et suite aux consultations menées auprès de certains pays membres de l'OTAN pour dénoncer ces manœuvres aux portes de la Russie, Moscou a réussit à faire renoncer cinq pays. Il s'agit de la Lettonie de l'Estonie, du Kazakhstan, de la Moldavie et de la Serbie qui ont changé d'avis et suivi la Russie qui refuse mordicus d'y participer. Dans le Caucase, les bruits de bottes ont toujours été étouffés par l'épaisseur de la neige qui y recouvre des sols souvent trop riches et convoités. Avec le printemps naissant, les manœuvres atlantistes résonneront-elles au-delà des frontières de la Géorgie, cette terre qui a vu naître Staline ?