Le président du Forum des chefs d'entreprises, Ali Haddad, a déclaré, hier à Alger, que «l'Algérie possède les capacités pour assurer sa sécurité alimentaire». Dans le cadre de l'élaboration de son «plan d'émergence», le Forum des chefs d'entreprise a étudié trois axes nécessaires dont la sécurité alimentaire, la transition énergétique et l'économique numérique. Le premier a été présenté, hier à Alger, à l'hôtel El-Aurassi devant un panel de ministres et d'experts économiques. «Par rapport à cette question capitale, reconnaissons d'emblée que l'Etat a consenti des moyens considérables pour le développement du secteur agricole et du secteur de l'agro-industrie dans le cadre des différents plans de relance de l'économie nationale», avait expliqué le président du FCE, Ali Haddad, dans son allocution d'ouverture. Conscient de l'importance du secteur agricole, le FCE a présenté dans son rapport sur la sécurité alimentaire des réflexions basées sur la réalité du terrain économique touché, actuellement, par la crise économique. Au prix de beaucoup d'efforts, «notre pays a obtenu des résultats dont il peut aujourd'hui être fier, au bénéfice du peuple algérien. La malnutrition et la faim appartiennent bien à une époque révolue. Nul ne saurait contester cela», avait précisé le patron des patrons. Par contre, le président du FCE, optimiste dans son discours, n'a pas manqué de citer les points préoccupants. «Des situations résiduelles de sous-alimentation existent toujours et les progrès réalisés demeurent inégalement répartis au sein de la société», ajoutant que «malgré une offre locale en augmentation constante, les besoins en alimentation de notre population ne sont satisfaits que grâce au recours croissant aux importations». Ali Haddad a, notamment, souligné que «les industries agroalimentaires restent trop fortement dépendantes des marchés extérieurs, ce qui traduit leur faible connexion avec l'amont agricole et un déficit dans le processus de valorisation de produits locaux». A ce sujet, le président du FCE a précisé que «l'Algérie possède les capacités et les potentialités nécessaires pour assurer sa sécurité alimentaire, ou tout au moins, pour atteindre un taux d'autosuffisance de nature à se prémunir contre les perturbations récurrentes des marchés extérieurs pour les produits alimentaires de base». Le Forum des chefs d'entreprise a déjà formulé dans son «plaidoyer pour émergence de l'économie nationale», des propositions «pratiques visant l'accroissement de la production agricole», a noté Ali Haddad. La présente étude va beaucoup plus loin et préconise un véritable plan d'urgence englobant tous les aspects, depuis l'identification des filières stratégiques jusqu'à la dimension «recherche agronomique», en passant par le modèle d'organisation de la production, le foncier agricole et la gouvernance des institutions agricoles. Autosuffisance et amélioration du marché national L'enjeu économique consiste dans le développement des secteurs agricole et agro-alimentaire dans un contexte marqué par la baisse des ressources financières de l'Etat, dans l'objectif stratégique de réduire la vulnérabilité alimentaire. Selon le rapport du FCE, les défis économiques se résument dans l'amélioration des capacités nationales à approvisionner le marché national en produits agricoles à des prix compatibles avec les revenus des consommateurs, et dans la nécessité de fournir les matières premières agricoles et les équipements nécessaires au développement des entreprises agroalimentaires. L'amélioration de la productivité de l'agriculture est le seul moyen de lever le verrou du handicap naturel qui caractérise le secteur agricole, et la modernisation des industries agro-alimentaires et son intégration avec le système productif national constituent les voies possibles et nécessaires conduisant à une préservation de la sécurité alimentaire du pays. Un défi politique Le rapport du FCE explique que le pays est aujourd'hui fortement dépendant de ses moyens de paiements extérieurs pour assurer les approvisionnements alimentaires de la population. Si l'état d'évolution des marchés mondiaux est actuellement favorable aux pays importateurs, les possibilités de retournements ne sont pas à écarter à l'avenir. « Comme on le sait, les marchés du blé sont sensibles au climat et à la conjoncture économique mondiale. Il convient de rendre la facture alimentaire soutenable et compatible avec les moyens financiers de l'Etat», a-t-on expliqué. Enfin «nous savons aujourd'hui le rôle que joue l'arme alimentaire dans la géopolitique du monde. Cette menace politique bien réelle pose à l'avenir l'impératif impérieux de rééquilibrer le rapport entre l'offre nationale et le recours aux marchés mondiaux».