Doit-on laisser la Coupe du monde à la Russie alors que les preuves s'accumulent sur l'existence manifeste d'un dopage d'Etat ? Pour le moment, la Fédération internationale de football (FIFA) n'ose pas réagir. Le souffle de cette information explosive est fort même si la chaleur de l'été l'étouffe dans les médias : oui, il existe bel et bien un dopage d'Etat en Russie. Le puissant Comité olympique allemand, comme beaucoup d'instances et de sommités du sport mondial, s'est prononcé vendredi pour l'exclusion des athlètes russes des jeux Olympiques de Rio dans les vingt disciplines, dont le football, mentionnées dans le rapport McLaren. Cette enquête démontre qu'un dopage d'Etat a été mis en place dans le sport russe depuis 2011. Comme au bon vieux temps de l'URSS et du rideau de fer. Parmi ces 20 sports, le football y trouve donc bonne place. A deux ans de la Coupe du monde en Russie, de nombreuses questions se posent sur l'opportunité de donner l'organisation d'un tel événement à un pays qui moque autant l'éthique sportive. Va-t-on vers cette issue sans précédent dans l'histoire du sport ? Qui osera retirer la Coupe du monde au puissant Vladimir Poutine au moment où l'équilibre géopolitique de ce monde se joue, notamment au Syrie ? Mais revenons d'abord sur les faits. Publiée lundi dernier, cette enquête rigoureuse du juriste canadien Richard McLaren, commandée par l'Agence mondiale antidopage (AMA), a mis en lumière l'un des plus grands scandales de l'histoire du sport. Que dit ce rapport ? Il démontre la mise en place d'un terrible système de dopage organisé par l'Etat russe avec le soutien actif des services secrets de 2011 à 2015. Cette organisation mafieuse se retrouve dans 30 sports, dont 20 disciplines inscrites aux jeux Olympiques d'été. Depuis le début de la semaine, le monde du sport implore le Comité olympique international (CIO) d'exclure la Russie des Jeux de Rio (du 5 au 21 août). Jeudi dernier, le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne a rejeté l'appel des 68 athlètes russes suspendus par la Fédération internationale de l'athlétisme. Le CIO se réunira aujourd'hui afin de décider d'élargir la sanction au-delà des jeux Olympiques. Le football est clairement dans le viseur. Vitali Moutko, ministre des sports de la Russie qui préside la fédération de football et le comité d'organisation de la Coupe du monde 2018, est au coeur de cette affaire. Ce monsieur est également membre du comité exécutif de la FIFA. Les faits et les preuves écrites prouvent qu'il est coeur du scandale. La FIFA dit attendre d'avoir accès au dossier pour prendre des décisions fortes. Pour le moment, son nouveau président, Gianni Infantino, s'exprime par le biais d'un silence assourdissant. On attend la suite de ce mauvais polar.