Le Royaume-Uni, qui a été beaucoup plus le porte-parole des Etats-Unis en Europe, a une adhésion au sein de l'UE, toujours demeurée partielle, ayant toujours privilégié ses intérêts économiques. Le pays conserve sa monnaie, la livre sterling, et pas l'euro. Les Accords de Schengen lui donnant un statut particulier, bien qu'il ait été un acteur actif dans la construction d'une politique européenne de sécurité et de défense lors du Sommet de Saint-Malo de 1998. Et voilà que, le 23 juin 2016, les Britanniques ont voté à 51,9% pour une sortie de l'Union européenne. Le Brexit est consommé. Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ne fait plus partie de l'Union européenne. Pour la petite histoire, cette monarchie constitutionnelle rejoint la CEE en 1973. Vers la fin des années 1990, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Ulster ont obtenu une autonomie accrue et d'importants transferts de compétences, cette autonomie ayant été renforcée en Ecosse, suite à l'échec du référendum d'indépendance de septembre 2014. Lors des dernières élections générales, organisées en mai 2015, le Premier ministre David Cameron a pu conserver son poste, mais le parti anti-immigration et europhobe UKIP qui a fait son entrée pour la première fois en octobre 2014, 22 ans après sa création, vient de remporter la victoire. Premiers effets après l'annonce des résultats, David Cameron révèle son départ en octobre 2016 sans compter le risque de scission avec l'Ecosse et l'Irlande qui veulent rester dans l'Union européenne. Les Bourses asiatiques et la livre sterling ont plongé de près de 10% et pour le pétrole (24 juin 2016), le WTI est coté à 48,05 $, le Brent à 48,66 $ et la cotation euro/dollar à 1, 1109 dollar un euro. Tout dépend de la gestion de cette transition, à moyen terme, les entreprises qui souhaiteraient investir durablement pourraient s'orienter vers d'autres pays offrant l'avantage de se trouver sur le territoire du «marché unique». Certains préconisent déjà de transférer la City à Francfort. Selon bon nombre d'analystes, les Britanniques auront deux ans pour négocier les modalités de la sortie et la nature de ses futures relations avec les 27 avec des incertitudes. Transitoirement s'offrent plusieurs scénarios. Un accord d'association assimilable à celui de la Norvège. Mais en contrepartie, contredisant les discours des partisans du Brexit, le Royaume-Uni devrait continuer à appliquer la libre circulation et les normes européennes. Le scénario suisse d'accords bilatéraux, mais là aussi cela l'obligerait à respecter la libre circulation. Troisième scénario, un accord bilatéral de libre-échange comme celui signé par le Canada. Chacun présente des inconvénients. Faute d'accord, c'est le régime de l'OMC qui s'applique. À savoir pas d'accès au marché unique et mise en place de barrières douanières selon l'application de la «clause de la nation la plus favorisée». Dans le scénario noir d'une sortie sans accord de libre-échange, l'assureur crédit Euler Hermes a évalué les pertes pour l'export britannique à 30 milliards de livres en 2019, soit 8% du total des exportations britanniques. Selon Carolyn Fairbairn, directrice générale de la CBISur, le retrait de l'Union européenne "Brexit" coûtera 100 milliards de livres à l'économie, quelque 950 000 emplois, ce qui signifie que le taux de chômage en 2020 serait de 2% à 3% plus élevé que si le pays restait dans l'UE. Sur le plan politique, la Grande-Bretagne verra ses relations renforcer avec les Etats-Unis d'Amérique, avec notamment le gel de la négociation du Traité transatlantique, du marché unique digital. La vague d'immigration qui a favorisé ce vote n'a été que la conséquence des tensions géostratégiques au niveau du Tiers-Monde, notamment au Moyen-Orient, en Afrique noire et en Afrique du Nord. Par ailleurs, ce vote peut impulser les partis europhobes européens aux Pays-Bas, en République Tchèque, en Pologne, au Danemark et en France. Selon un sondage publié par L'Express du 24 juin 2016, pour la France, les sympathisants de gauche (76%) comme de droite (75%) sont opposés à une sortie, contrairement aux proches du Front national qui y sont très favorables (77%). Et seulement 31% des personnes interrogées voient dans la construction européenne «une source d'espoir». L'Europe avec la sortie de la Grande-Bretagne est amputée de 14% de son PIB, devant revoir le budget européen et compenser les 10 milliards de pounds de contributions nettes du Royaume-Uni. Mais pour l'instant, la mesure précise des impacts économiques et politiques du retrait de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Mais il est admis que la vague de nationalisme, du repli sur soi entraineront forcément des incidences politiques et économiques. Incidences politiques, car cela changera incontestablement le devenir de l'Union européenne où l'Allemagne partisane d'une rigueur budgétaire se retrouve tête à tête avec la France qui prône un assouplissement des règles monétaires et budgétaires de Bruxelles. Incidences économiques avec un ralentissement de la croissance de l'économie mondiale et donc plus de chômage. Certains politiques et experts, qui reconnaissent que l'élargissement à 27 a été fait dans la précipitation, préconisent pour éviter la dislocation de l'Union européenne un assouplissement des règles de Bruxelles axé sur l'emploi, le renforcement du couple franco-allemand qui constituerait le noyau dur, mais devant aller vers une Europe plus sociale et citoyenne.