Je déplore qu'aucun débat public sérieux n'ait eu lieu sur le futur rôle de l'Etat en Algérie, débat indispensable pour tout modèle de croissance dans le cadre d'une vision stratégique horizon 2030 qui devra favoriser l'efficacité économique pour une croissance durable reposant sur l'entreprise quelle soit publique ou privée dans une économie ouverte et son fondement le savoir tout en garantissant le principe d'équité. C'est une des explications fondamentales du changement périodique du cadre juridique des investissements, du manque du manque de cohérence et de visibilité, du fait de la neutralisation des rapports de forces, la politique gouvernementale se trouvant ballottée entre deux forces sociales antagoniques, la logique rentière épaulée par les tenants de l'import et de la sphère informelle malheureusement dominante et la logique entrepreneuriale minoritaire. Cela explique également que l'Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, l'avancée des réformes étant inversement proportionnelle au cours du pétrole et du cours du dollar. Or le compromis des années 2016/2020/2030 devra donc concilier l'impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d'une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot l'efficacité et l'équité. Car, il faut éviter toute ambiguïté, l'égalité n'est pas celle du modèle de l963-2016 mais recouvre la nécessité d'une transformation de l'Etat providence de l'Etat gestionnaire à l'Etat régulateur, par la formulation d'un nouveau contrat social, renvoyant au débat sur la refondation de l'Etat. 1.-Pour éviter son isolement, l'Algérie doit avoir des stratégies d'adaptation à la nouvelle économie Une économie ouverte ne signifie pas la fin du rôle de l'Etat régulateur car le marché a besoin d'être encadré. Aussi la nouvelle politique socio-économique algérienne doit tenir compte de l'adaptation aux mutations mondiales irréversibles. Les politiques socio-économiques futures doivent correspondrent aux avantages comparatifs du pays. L'Algérie ne dispose pas d'autres alternatives que l'adaptation à la mondialisation dont les espaces euro-méditerranéens et africains constituent son espace naturel. Prétendre que la mondialisation aliène le développement du pays et les libertés c'est ignorer une évidence: sans insertion dans l'économie mondiale, l'Algérie serait bien davantage ballottée par les vents des marchés avec le risque d'une marginalisation croissante. C'est que la nouvelle politique économique doit être marquée par l'adaptation à l'universalisation de l'économie de marché, le commerce international n'étant pas un jeu à sommes nulles. L'ouverture peut être douloureuse à court terme car elle impose des changements mais elle est bénéfique à moyen et long terme. Cette politique doit veiller aux grands équilibres macro-économiques par une monnaie stable et par la réduction des déficits publics, ces deux conditions, étant une condition nécessaire mais non suffisantes, évitant la hausse des prix sur des structures de monopoles inchangées, (l'économie de marché ne signifiant pas hausse des prix ce qui se passe actuellement), et donc aller vers les réformes institutionnelles et micro-économiques qui accusent un retard important au sein d'un monde de plus en plus interdépendant. Notamment la réforme doit concerner des corps d'Etat, de la justice, de l'école ( la mère des réformes qui conditionne le tout), de l'économie (surtout le système financier figé, lieu de distribution de la rente et favoriser un véritable marché du foncier ), le tout devant être harmonisé avec de nouveaux systèmes de protection sociale qui doivent s'adapter, aller en cohérence et en mouvement s'intégrant à une économie dominée par le consommateur mondial et arbitrée par les marchés financiers. La compétition dans une économie globale fait que chacun a le monde pour marché et tous les consommateurs pour clients.. La traduction d'un monde ordonné autour de la production est largement dépassée. Et l'introduction en lice de l'Inde et surtout de la Chine dans le commerce mondial représente une vraie révolution, caractéristique de l'unification des conditions de production dont la valeur ajoutée augmente mais dont les distances entre la production et la consommation diminuent avec là révolution dans le domaine du transport et des télécommunications. La libéralisation des mouvements de capitaux transgresse les frontières géographiques. Il y a lieu de revoir les concepts erronés de stratégie industrielle et d'imaginer une nouvelle politique de l'entreprise. Car à l'intérieur des entreprises se mettent en œuvre de nouveaux modes d'organisation éloignés du taylorisme, des grosses sociétés avec leurs lourdeurs bureaucratiques, fondés sur le raccourcissement des chaînes hiérarchiques, sur l'amélioration de la qualification, sur l'implication des personnes, sur la décentralisation interne et la gestion prévisionnelle des compétences. Un autre axe important concerne la mutation nécessaire des services publics marchands. La conception passée sur une superposition forte entre secteur public, entreprise publique, monopole, activité limitée du territoire national doit faire place à l'efficacité de gestion, à la concurrence des services collectifs. Si certaines infrastructures peuvent continuer à être gérées par des monopoles les services de transport, eau, électricité, téléphone vocal doivent être libéralisés. Ainsi la plupart des pays émergents sans compter les pays développés ont des services collectifs caractérisés par de très nombreux acteurs privés et publics, puisque le commerce, l'agriculture et l'industrie sont presque totalement privatisés. 2.-Les objectifs stratégiques impliquent de comprendre l'articulation -Rente/Etat/Marché Pour éviter les effets pervers du marché, l'action régulatrice de l'Etat est nécessaire pour assurer la cohésion sociale. La nouvelle politique socio- économique en Algérie devra être marquée en ce début du XXIe siècle par l'innovation, mais également éviter qu'une économie qui produit la richesse ne détruise les liens sociaux dans un univers où la plupart des structures d'encadrements, (famille, religion, syndicat) sont faibles surtout en Algérie où bon nombre d'organisations sont des appendices bureaucratiques sans impacts de mobilisation mais monnayant leurs soutiens contre une fraction de la rente pétrolière et gazière. (A suivre)