Le wali d'Aïn Temouchent, Hamou Touhami, a effectué une réunion au siège de l'Assemblée populaire de Bénisaf (APC) ayant regroupé les élus et les représentants de l'administration en présence d'une armada de journalistes pour évoquer la situation de la gestion communale en relation avec le développement et les préoccupations des citoyens et la société civile. Cette importante séance de travail a été marquée par l'absence des deux principaux acteurs, en l'occurrence de chef de la daïra de Bénisaf en congé selon les informations requises et le président de l'APC par intérim qui a préféré la chaise vide et défié le chef de l'exécutif qui a insisté pour sa présence mais ce maire, en congé également, n'a pas jugé nécessaire de répondre positivement au wali. Les présents ont vite compris le mécontentement du wali. Ce dernier a ouvert le débat. Il a abordé le cas du conflit entre les élus de plus de 4 années qui est la conséquence sur le retard en matière de développement et le blocage de l'administration. Plusieurs griefs ont été évoqués par ce responsable. La saleté a terni l'image de cette charmante ville portuaire. Les visiteurs ont déploré son état lamentable. Des amas d'ordures ont parsemé les décharges publiques sauvages dans les quartiers. Environ les 80% des cités sont plongées dans l'obscurité par manque d'éclairage public. Concernant la réalisation du programme d'aménagement de la ville, il a déploré la pose du carrelage sur les trottoirs alors que les travaux souterrains d'installation du réseau d'électricité n'ont pas été effectués comme énonce la réglementation technique. Au sujet de la gestion du patrimoine communal, il a dévoilé la mauvaise exploitation de ces ressources. Il a énuméré la location d'une grande aire au niveau de la plage des puits à une personne physique pour une activité commerciale à raison de 20 millions de centimes et la location dérisoire des locaux commerciaux à 1.500 DA l'un au lieu de 12.500 DA. Sans ambages, il a ordonné à la police d'ouvrir une enquête. Revenant aux doléances des citoyens, il a dénoncé avec amertume : «Je reçois les citoyens qui m'ont soulevé les problèmes rencontrés dans leur commune par manque d'ouïe attentive par les élus et une administration capable de répondre à leurs préoccupations». Au courant de toutes les choses, il a accusé ces responsables de négligence constatée. La pelouse synthétique posée récemment sur le terrain de football municipal a été en partie carbonisée alors qu'elle a coûté un montant de 4 milliards de centimes. Poursuivant son réquisitoire, il a annoncé que les décisions de justice n'ont pas été bien exploitées par les élus et l'administration à des fins publiques. Il a mis en exergue la mauvaise gestion du dossier de l'habitat rural qui a fait une tempête dans cette ville lorsque des dizaines de citoyens se sont plaints devant le siège de la wilaya d'Aïn Témouchent pour dénoncer les élus. Le chef de la daïra n'a pas été épargné de cette salve de critiques. Le sujet d'actualité, loi 15/05 relative aux constructions illicites et l'application de la décision de démolition, les élus ont tourné la tête car des centaines d'habitations ne sont conformes notamment dans les cités de Ghar El Baroud et Sidi Sohbi. Dans ce cas, le wali a exigé l'application rigoureuse de la loi. L'autre administrateur à être critiqué est le directeur de la conservation forestière. Il est à souligner selon le wali que 10 personnes entre élus et administrateurs de cette commune sont poursuivies en justice. «Que les élus incompétents déposent leur démission. Si je reste à la tête de la wilaya d'Aïn Témouchent, je barre la route aux précédents élus incompétents pour prétendre à la gestion des communes.» Au sujet de cette action du wali, elle a suscité deux réactions opposées. Une partie de citoyens voient que les pouvoirs publics ont réagi très en retard car ils ont été au courant de la situation catastrophique de la commune de Bénisaf depuis longtemps par le bais des doléances des citoyens, de la presse écrite, le mouvement associatif et un élu qui a écrit une longue lettre ouverte demandant l'intervention du wali. Les élus à quelques mois de la fin de leur mandat sont démissionnaires moralement et ont la tête ailleurs. Par contre, l'autre parti a apprécié cette visite de travail du wali pour servir de leçon aux prochains élus et sauver le reste de la commune et redonner l'espoir à ces citoyens intéressés par le développement. Cette descente musclée du wali a été effectuée deux jours après la marche de l'écologiste de Bénisaf vers Alger pour sensibiliser les citoyens au service de l'hygiène et la protection de l'environnement. Quant aux observateurs, ils accusent les partis et le gouvernement de faciliter les choses à des personnes incompétentes et dépourvues de conscience et loyauté. Ils ont proposé aux législateurs de revoir la loi du code du commune et accorder le pouvoir aux walis pour intervenir à tout moment lorsqu'ils voient les intérêts des citoyens et de la commune pris en otage par de pareils élus et administrateurs.