Par une curieuse ironie de l'Histoire, l'Amérique récuse aujourd'hui les principes cardinaux de la mondialisation qu'elle a mise sur pied hier dans la mesure où elle ne leur apporterait plus aujourd'hui les dividendes qu'elle en escompte sur le plan économique, financier et social (Cf. les propositions de Donald Trump et Hillary Clinton). Barack Obama va jusqu'à faire la leçon aux Chinois en matière de droit maritime international ! L'exportateur de crises et de guerres et les idiots utiles : une grande expérience. Une exportation des crises. La vie internationale est fondée sur le respect de règles communes souscrites volontairement par les Etats. Hors, les Américains s'autorisent à s'exclure du droit commun dont ils exigent l'application par le reste du monde. De facto, si ce n'est de jure, ils seraient hors-la-loi. Que de crises exportées par les Etats-Unis hors de ses frontières au cours des dernières décennies sans qu'ils n'aient jamais eu à en rendre compte devant un quelconque tribunal pénal international ou une cour pénale internationale ! La plus violente est la crise financière née de la bulle spéculative autour des «subprimes» qui a failli emporter le monde à partir du moment où elle s'est répandue comme des métastases. Où sont les coupables ? Ils ont rarement été poursuivis et condamnés comme cela aurait été normal. Que font-ils ? Ils emploient comme consultant Brexit, l'ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso sans que personne n'y trouve à redire. Non moins spectaculaire est la crise environnementale qui secoue la planète. Les Etats-Unis sont, avec les Chinois, les plus gros pollueurs de la terre. Ils ratifient le texte de la COP21 après avoir lutté pour qu'il ne contienne aucun engagement contraignant. Donald Trump annonce qu'il s'en dégagera en cas de victoire à l'élection présidentielle. Ces deux exemples illustrent parfaitement le rôle néfaste joué par les Américains dans la dérégulation et la déstabilisation de la vie internationale. Une exportation des guerres. Dans ce domaine, les Américains disposent d'une expertise incontestable et incontestée. C'est d'abord la guerre au sens militaire que Washington apporte en présent aux peuples ombrageux, peu portés à la servitude volontaire. Une fois l'ordre remis, les Etats concernés ont le plus grand mal à s'en remettre (Irak, Afghanistan, Libye...) tant les traumatismes y sont profonds. Avec les Américains, il y a une grande chance que le remède soit pire que le mal tant ils ne comprennent rien aux pays dans lesquels ils interviennent. Nous en mesurons aujourd'hui tous les effets négatifs sur la sécurité internationale. C'est ensuite la guerre au sens financier du terme. Les guerres financières :ce sont de vraies guerres qui tuent et paupérisent les peuples, comme on l'a vu en Grèce. Cette situation stratégique inédite s'explique par la nouvelle puissance des acteurs financiers : banques d'affaires, fonds d'investissements, nombreux milliardaires issus de Wall Street. Depuis les années 1980, une finance dérégulée, mondialisée et en partie toxique s'est bâti de vastes principautés immatérielles, surplombant les économies et lançant des raids sur des Etats captifs et des populations tétanisées. Malgré sa responsabilité dans la crise de 2008, la finance-puissance continue d'étendre son emprise, usant de stratégies empruntant à l'art de la guerre. C'est enfin, le concept de «guerre des civilisations» dont ils sont les exportateurs à travers les thèses culturalistes de Samuel Huntington. (A suivre)