En ces moments de crise économique aigüe, les pouvoirs publics semblent avoir saisi tout l'intérêt à exploiter l'important gisement que constituent les déchets industriels et domestiques, perçus, désormais, comme une richesse à haute valeur ajoutée. «Sur la base de chiffres communiqués par les Douanes Algériennes, on y apprend que l'Algérie, par le biais d'entrepreneurs privés, exporte pour environ 3,2 milliards de dollars/an de déchets ferreux qui, auraient pu être valorisés à demeure sous forme de matière première et servir, du même coup, à créer de nombreux postes d'emploi», a fait savoir le directeur général de l'Agence nationale des déchets, Karim Ouamane, sur les ondes de la Chaîne III. Ces sommes importantes sont notamment générées, précise-t-il, par les quelques 2,5 millions de tonnes de résidus générés par le seul secteur de l'industrie, dont l'exploitation intelligente avec ceux issus des activités domestiques pourraient rapporter environ 38 milliards de dinars, chaque année. M. Ouamane annonce, par ailleurs, qu'une première opération d'envergure de tris sélectifs des déchets domestiques a commencé à prendre forme à travers la wilaya d'Alger, où il est prévu la création progressive de 86 sites de collecte installés dans divers endroits névralgiques. Par ailleurs, le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, Abdelkader Ouali, a insisté, lors du Salon international de la récupération et de la valorisation des déchets (Revade), sur la nécessité de passer à une gestion économique des déchets. «Aujourd'hui, la gestion des déchets se fait de manière administrative, à savoir la collecte et le dépôt des déchets au niveau des décharges, mais il est temps de passer à une gestion économique, car ils représentent une source de richesse», a souligné le ministre en précisant que la valeur des déchets non récupérés (papier, plastique, verre...) est estimée à 38 milliards de DA. M. Ouali a mis l'accent sur l'importance de la valorisation des déchets comme créneau pouvant contribuer à diversifier l'économie. Pour ce faire, le département de l'environnement travaille en collaboration avec celui de l'industrie pour la mise en place d'une commission mixte qui aura pour mission le traitement des demandes d'investissement dans le secteur, a indiqué le ministre. Revade, qui s'étalera sur quatre jours, est le premier salon dédié à la collecte, au tri, au transport, au traitement, à la valorisation et au recyclage des déchets industriels. Cette manifestation ambitionne, entre autres, de faire connaître les équipements et les technologies utilisées dans le domaine de la transformation et du recyclage, la promotion de l'industrie de la récupération et du recyclage des déchets et encourager l'investissement et la création d'entreprises ainsi que le développement de la gestion et la valorisation des déchets industriels. Notons, enfin, que chaque Algérien produit environ 300 kg de déchets ménagers/an, «parmi lesquels 70% finissent dans des centres d'enfouissement».