La découverte et la diffusion des organismes génétiquement modifiés réalisent un vieux rêve des capitalistes. Celui d'éliminer la concurrence déloyale du vivant. La nature, la vie produisent et reproduisent gratuitement les plantes, les hommes, la nourriture, l'air, l'eau, la lumière. Pour le capitaliste, la chose est intolérable. Pour lui, il ne saurait y avoir de biens publics aux sens strict du terme. Un Organisme Génétiquement Modifié (OGM) est un organisme vivant, végétal ou animal qui a subi une modification non naturelle de ses caractéristiques génétiques initiales. On appelle « modification génétique » le processus visant à transférer des gènes au sein d'une espèce ou entre différentes espèces. Cette modification peut intervenir sous trois formes : ajout, suppression ou remplacement d'au moins un gène. L'objectif est de transférer dans une cellule de l'organisme receveur, un ou plusieurs gènes prélevées dans un autre organisme vivant, y compris si celui-ci n'est pas de la même espèce de l'hôte. Cette opération, appelée transgénèse, correspond à l'ensemble des techniques visant à introduire de façon stable un gène étranger dans le génome (ensemble du patrimoine génétique d'un individu) d'un organisme hôte. Les promoteurs des cultures transgéniques parlent abusivement de cultures biotechnologiques, un vocabulaire moins préjudiciable mais qui prête à confusion. Les techniques de transgénèse sont essentielles pour développer des connaissances en matière de génétique physiologique et biologique. Cependant, elles souffrent d'un manque de contrôle sur les conséquences qui en découlent pour l'hôte (Christian Vélot, L'Ecologiste n°18, 03/2006). "Les premières générations d'OGM étaient cultivées dans le but d'améliorer les caractéristiques agronomiques des plantes, principalement dans l'intérêt de l'agriculteur et notamment pour augmenter la résistance des cultures aux herbicides, insectes, maladies et sécheresses. Les deuxièmes générations de cultures génétiquement modifiées ont permis d'obtenir des avantages plus concrets pour les consommateurs, tels qu'une augmentation de la qualité des aliments et de la biodisponibilité des nutriments", indique Le Conseil Européen de l'Information sur l'Alimentation. Les cultures mutagènes La mutagenèse, mot composé de « mutant » et « genèse », signifie : création de mutants. Elle regroupe l'ensemble des méthodes permettant de modifier le génome d'un organisme vivant. "Mutagenèse" fait référence à toute production volontaire de variabilité génétique chez un organisme vivant, par l'utilisation d'agents énergétiques (rayons gamma, rayons X...), chimiques ou par culture de cellules exposées à des agents sélectifs comme un herbicide. Bien sûr, parmi les mutants existent aussi des variétés de plantes (...) (Inf'OGM) Cette méthode est de plus en plus employée car elle n'exige pas d'information ni d'évaluation de la part des producteurs de plantes cultivées mutagènes. Elles s'immmiscent dans les cultures actuelles comme en témoignent les variétés tolérantes aux herbicides (VTH) de maïs, tournesol et colza, obtenues par sélection de la variabilité naturelle, ou par mutagenèse. Les domaines d'application Ces techniques donnent lieu à différentes applications : Thérapeutique : depuis le début des années 80, création de vaccins, lutte contre le cancer, reconstruction du système immunitaire, production de médicaments (d'ores et déjà l'hormone de croissance et l'insuline sont produites par des bactéries génétiquement modifiées et commercialisées)... Agronomique : immunité de l'organisme végétal (transférer aux plantes de nouveaux éléments de matériel génétique), amélioration des qualités nutritionnelles, des performances de production ou bien d'un caractère spécifique de résistance aux pathologies. On parle alors de plantes agricoles génétiquement modifiées (PGM). Exemples d'application dans le monde agricole Des recherches sont actuellement en cours afin de rendre le maïs plus résistant à la Pyrale (espèce de papillon ravageur), ainsi l'introduction du gène Bacillus thuringiensis (Bt) permettra au maïs de fabriquer par lui-même la toxine insecticide, à laquelle seuls les papillons seraient sensibles. D'autres expérimentations ont aussi eu lieu sur la pomme de terre, le coton, le riz et le tabac.Sur le riz par exemple, il a été obtenu une variété provoquant moins d'allergies. Actuellement, 99% des PGM cultivés sont des plantes qui contiennent ou peuvent accumuler des pesticides dans leurs tissus, soit parce qu'elles produisent elles-mêmes le pesticide (cas du maïs Bt) ou peuvent l'absorber sans mourir (cas du soja au Roudup) (Christian Vélot, L'Ecologiste n°18, 03/2006). Notons que l'amélioration des animaux d'élevage est une application qui reste encore à ce jour au stade expérimental. Enjeux socio-économiques Les avantages économiques sont nombreux mais comme les plantes transgèniques ne sont cultivées que depuis 1995 dans un nombre limité de pays, les données restent encore insuffisantes pour confirmer ou infirmer les bénéfices éventuels. Ces techniques conduiraient à une meilleure efficacité de la production agricole ainsi qu'à l'amélioration des capacités de production en milieu difficile (zones désertiques notamment). Elles pourraient également favoriser l'industrie de la pâte à papier par l'élimination d'une partie de le lignine présent dans le bois.Enfin, on pourrait envisager une plus grande conservation des fruits et légumes et un aspect plus attrayant pour le consommateur, bien que ce soit déjà largement le cas, souvent au détriment du goût. Enjeux écologiques En théorie, le développement de ce type de plantes permettrait de diminuer les traitements chimiques (herbicide, pesticide). Traitements dont l'intensification fût telle qu'ils sont à l'origine de graves pollutions actuellement. Cependant, la réalité est toute autre : les OGM et les pesticides proviennent bien souvent des mêmes industries qui sont alors doublement gagnantes. En effet, les plantes transgéniques brevetées sont volontairement résistantes aux herbicides qui voient donc leurs ventes exploser. Les OGM pourraient encore contribuer à la régénération des terres endommagées, au développement des biocarburants, dont on mesure maintenant les ravages économiques, écologiques et sociaux. Enjeux géopolitiques Avec plus de 7 milliards d'habitants sur Terre, certains observateurs qui s'inquiètent des capacités de production alimentaire et des techniques actuelles souhaitent s'appuyer sur ces nouvelles technologies pour y faire face. Notons qu'il reste encore difficile d'estimer la portée de cette éventuelle solution. Les risques liés à l'utilisation des OGM Les risques sur la santé les impacts sur la santé sont liés à l'ingestion de produits contenant des OGM, comme par exemple la possible apparition dans l'organisme humain de bactéries devenues résistantes aux antibiotiques. En effet, certaines PGM ont récupéré des gènes de bactéries résistantes aux antibiotiques. C'est le cas des pieds de vigne OGM en expérimentation à l'INRA de Colmar qui contiennent un gène d'Echérichia Coli résistant à un antibiotique, la Kanamycine. Des études et un suivi sur la santé de l'animal et du consommateur sont menées afin de créer et de perfectionner des outils d'analyse précis et fiables dans le but d'améliorer la traçabilité des produits. Les insecticides secrétés par les cultures transgéniques représentent un danger pour la santé. Par exemple, l'insecticide produit par le maïs Bt est capable in vitro de détériorer les globules rouges humains (Pour la Science, 2000). Sur ce point, les tests sur la toxicité éventuelle des PGM restent largement contrôlés par les firmes productrices de PGM. Et les résultats, difficiles à obtenir, montrent des "effets cliniques et biochimiques chez les animaux nourris avec les PGM par rapport aux animaux nourris avec les plantes conventionnelles correspondantes" (Christian Vélot, L'Ecologiste, 03/2006). Nul doute que si les animaux sont affectés par cette alimentation, l'Homme le sera également. Des chercheurs de l'Université de Sherbrook au Québec, Canada, ont mis en évidence la présence de pesticides et de leurs résidus dans le sang de femmes, dont certaines enceintes. Selon un article de la revue Reproductive Toxicology, "c'est la première étude à mettre en évidence la présence de pesticides associés aux aliments génétiquement modifiés dans le sang de femmes enceintes, de fœtus et de femmes non enceintes".