L'aquaculture est un créneau porteur pouvant à coup sûr contribuer en tant que valeur ajoutée à la médiocre production de la pêche artisanale ou halieutique. La cherté du poisson en Algérie aurait dû inciter les autorités à accorder plus de crédit à l'alevinage. Hélas, tous les ministres de la Pêche ont tour à tour négligé un élevage pouvant se faire en eau douce, comme dans les eaux salines de nos côtes. Il y a bien eu des expériences dans les lacs et les étangs qui se sont soldées par des expériences réussies d'élevage de la carpe de Chine, principalement jusque-là, mais il se trouve que cette espèce a grandement besoin d'algues marines pour son engraissement, de plus elle détruit d'autres espèces de poisson vivant dans le même environnement. Des expériences d'ensemencement se sont déroulées à Naâma, à Tipaza, où un projet situé à Bou Ismaïl de crevetticulture devait fournir de la crevette blanche bon marché. In Salah n'est pas demeurée en reste avec une production de 100 tonnes de poisson d'eau douce, également Constantine, El-Kala, Relizane et ailleurs où les projets pilotes ont pratiquement tous avorté, par manque de savoir-faire, sinon par manque d'investissement. Dommage pour l'Algérie qui a fait de la sécurité alimentaire son cheval de bataille durant plus d'une décennie. Hier, une dépêche de l'Agence Presse Algérie nous a informé que des fermes d'engraissement de thon devraient (au conditionnel) être mises en place pour la première fois en Algérie dès 2017, apportant une valeur ajoutée à l'activité de pêche de ce poisson acanthoptérygien. Cette information a été donnée par un responsable du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. La vente de thon après son engraissement multiplie sa valeur marchande par dix fois à l'exportation par rapport à son prix initial (avant engraissement), explique M. Omar Kaddour, directeur de la pêche maritime et océanique, auprès de ce département ministériel. Généralement, l'élevage de ce poisson pour son engraissement dure entre 6 et 12 mois au bout desquels son poids passe de 10-12 kg à plus de 90 kg. Avant son engraissement, le thon est cédé à environ 10 euros/kg, alors qu'il est vendu aux enchères après engraissement. C'est ainsi que le ministère va adresser une demande à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA), lors de sa réunion prévue le 14 novembre en cours, pour obtenir la permission de créer des fermes pilotes d'engraissement de thon en Algérie, précise le même responsable. Selon M. Kaddour, qui est également le représentant principal de l'Algérie auprès de la CICTA, il est nécessaire pour l'Algérie, qui pêche son quota annuel de thon d'exploiter davantage cette ressource, soulignant que la vente de son thon à d'autres pays à des prix dérisoires «fait perdre d'importantes ressources financières à l'Algérie». Espérons que ce projet aura plus de chance que ses prédécesseurs pour réduire le déséquilibre entre l'offre et la demande d'un aliment nutritif très apprécié et très demandé.