Le candidat républicain Donald Trump a remporté l'élection présidentielle américaine face à la démocrate Hillary Clinton. La leçon fondamentale à retenir de cette élection est que les populations mondiales ont soif de moralité de leurs dirigeants et réclament plus de justice sociale. L'objet de cette contribution est de poser de manière réaliste, face aux nouvelles mutations géostratégiques mondiales, les perspectives d'une coopération fructueuse pour une prospérité partagée entre les Etats-Unis d'Amérique, première puissance économique mondiale et l'Algérie. Le réalisme devant l'emporter, loin des discours euphoriques durant la campagne électorale, les USA ayant une stratégie planétaire, je ne pense pas que cela puisse influencer fondamentalement ses futures relations internationales, devant différencier pour paraphraser les militaires stratégie et tactiques. Et si son programme est intégralement appliqué, l'on note un léger fléchissement dans la politique socio-économique intérieure. 1.- Poids des USA et de l'Algérie dans l'économie mondiale ? A prix courant, le PIB des USA pour une population de 324 millions d'habitants, en 2015 a été de 17 698 milliards de dollars, la Chine 11 385, le Japon 4116, l'Allemagne 3371, le Royaume Uni 3371, la France 2 488, l'Inde 2 183, l'Italie 1 819, le Brésil 1 800, le Canada 1 573, la Corée du Sud 1 393 et l'Espagne 1 235 milliards de dollars. L'Union européenne y compris la Grande-Bretagne, avec un PIB de 180 812 milliards de dollars pour une population de 510 millions d'habitants, reste la première puissance économique mondiale. Les USA et l'Europe pour moins d'un milliard d'habitants totalisent plus de 40% du PIB mondial estimé à 73 400 milliards de dollars en 2015 et 75 700 milliards de dollars en 2016. Encore que pour avoir une appréciation objective, il faut diviser le PIB par la population. Le constat est que l'économie des Etats-Unis reste un moteur essentiel de croissance pour l'économie mondiale. Les fluctuations de son produit intérieur brut, le niveau de son commerce international et ses politiques monétaires sont suivis de près par les gouvernements mondiaux et les marchés financiers internationaux. Ses principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis sont la Chine, les deux partenaires de l'ALENA, Canada et Mexique, le Japon, l'Allemagne et le Royaume-Uni. La Chine et l'Allemagne occupent les deuxième et troisième rangs, respectivement. Les Etats-Unis restent la première nation commerçante (en valeur), leurs importations et leurs exportations. Des perspectives commerciales s'offrent aux USA et à l'Algérie en dehors des hydrocarbures, l'Algérie étant avant tout intéressée par le transfert du savoir-faire technique et managérial avec la présence d'importantes sociétés américaines, devant impulser la coopération notamment dans le domaine des nouvelles technologies, de l'industrie, les services, l'agriculture et le BTPH sans oublier la formation. Récemment, en dehors des hydrocarbures où les USA sont présents, le dernier contrat en date est celui signé en 2013 entre le groupe Sonelgaz et le groupe américain General Electric (GE) pour un partenariat un complexe industriel de fabrication de turbines à gaz en Algérie pour un investissement de 200 millions de dollars. Cette société, qui sera détenue à 51% par Sonelgaz et 49% par GE, produira à partir de 2017 entre six à dix turbines à gaz par an, soit une capacité de 2.000 MW, dont une partie pourrait être exportée. Par ailleurs, GE a remporté un marché de fournitures de turbines à gaz et à vapeur d'une capacité de 8 400 MW pour un montant de 2,2 milliards de dollars, destiné à équiper les six centrales électriques que l'Algérie prévoit de construire d'ici à 2017. Le Produit intérieur brut nominal de l'Algérie (PIB) devrait s'établir à 166 milliards de dollars (mds usd) en 2016 contre 172,3 mds usd en 2015, selon les prévisions du FMI pour une population dépassant 40 millions d'habitants. Concernant la balance commerciale entre l'Algérie et le reste du monde, pour 2015, les hydrocarbures ont représenté l'essentiel de nos exportations à l'étranger avec une part de 94,54% du volume global des exportations, et une diminution de 40,76% par rapport à l'année 2014. Les exportations « hors hydrocarbures», qui restent toujours marginales, avec seulement 5,46% du volume global des exportations soit l'équivalent de 2,06 milliards de dollars US, ont enregistré une diminution de 20,1% par rapport à l'année 2014. Les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures sont constitués essentiellement par des demi-produits qui représentent une part de 4,48% du volume global des exportations soit l'équivalent de 1,69 milliard de dollars US, des biens alimentaires avec une part de 0,62%, soit 234 millions de dollars US, des produits bruts avec une part de 0,28%, soit en valeur absolue de 106 millions de Dollars US et enfin des biens d'équipements industriels et des biens de consommation non alimentaires avec les parts respectives de 0,05% et 0,03%. Comme client en 2015 les Etats Unis représentent 1,977 milliards de dollars une baisse de 59,04% par rapport à 2014 et comme fournisseur 2,710 milliards de dollars soit une baisse par rapport à 2014 de 5,48%. 2.- Les Etats-Unis futur concurrent énergétique de l'Algérie ? La sécurité énergétique constitue le poumon de la stratégie tant économique que militaire des USA. Les USA importaient entre 2011/2012 près de 20% de leurs besoins en énergie principalement du Mexique du Venezuela, des pays du Golfe, de certains pays d'Afrique dont le Nigeria et l'Algérie. Quel a été donc l'impact du rebond récent de la production américaine de pétrole et de gaz, menée par des essors technologiques qui ont permis d'extraire ces ressources non-conventionnelles, et pour les Etats-Unis de réduire leurs importations de pétrole et de gaz et récemment en 2016 de devenir exportateur vers l'Europe ? Le développement des ressources non conventionnelles aux Etats-Unis, gaz et huile de schiste, ont un impact majeur sur les prix. Au vu de ces pronostics, le pays devrait donc accéder au Graal de l'indépendance énergétique d'ici à 2020. L'autosuffisance énergétique annoncée de la première puissance mondiale aura sans nul doute des conséquences géopolitiques. En premier lieu, la politique américaine au Proche et Moyen-Orient subira probablement quelques infléchissements stratégiques dans la mesure où le facteur «dépendance énergétique» ou plus précisément, «sécurisation des accès et de l'approvisionnement en énergie» deviendra moins sensible. Cela entraînera une redéfinition des objectifs nationaux américains, où les Etats-Unis, qui étaient les plus grands importateurs de pétrole au monde, n'avaient pas hésité à déclencher ou favoriser des guerres ou conflits en Afrique, au Proche et Moyen-Orient ou en Amérique Latine, dans le but de sécuriser leur approvisionnement en énergie. Désormais bientôt autosuffisants, leur interventionnisme dans ces régions se fera en fonction de nouvelles considérations et notamment de celle liée à l'influence grandissante de la Chine. Cette nouvelle donne ne peut qu'entrainer de profonds bouleversements géostratégiques tant politiques qu'économiques notamment sur l'économie algérienne. Le développement des gaz non conventionnels en Amérique du Nord a fermé ce marché aux exportations algériennes et pesé sur les cours (marchés spot), ce qui pose la question de la rentabilité des exportations de GNL. Le «prix rentable» du MBTU, l'unité de mesure de l'industrie gazière, serait pour la Sonatrach de 9 à 10 dollars pour le gazoduc et de 13 à 14 pour le GNL. L'Algérie qui a des unités de GNL de moyennes dimensions avec des coûts relativement élevés par rapport à ses concurrents, nécessitant d'importants coûts de transport pourra-t-elle concurrencer pour approvisionner l'Asie, la Russie, l'Iran et le Qatar ?