Pour ce qui est d'un éventuel rapprochement avec la Russie, Poutine a été l'un des premiers à féliciter Trump et espère que son élection conduira au rétablissement des relations américano-russes qui ont atteint un plus bas historique sous Barack Obama. La relative proximité entre le Donald et Vladimirovitch est un secret de Polichinelle, au grand dam des officines impériales. Dans son premier discours post-élection, Trump a dit quelque chose qui devrait avoir l'heur de plaire à Moscou : «Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s'entendre avec nous». Loin des lénifiants «exceptionnalisme américain» et autre «nation indispensable» du parti de la guerre à Washington. Pour sa part, Assad peut dormir tranquille. Trump n'a jamais caché sa détermination à combattre les djihadistes et pas seulement l'utile épouvantail daéchique. Les coupeurs de têtes «modérés» syriens et leurs parrains pétromonarchiques doivent l'avoir mauvaise. Fin du soutien de la CIA à Al Qaïda, Ahrar al-Cham and co ? Probable. Ajoutons pour finir que la modération de Poutine autour d'Alep ces derniers temps (deux semaines sans bombardements russes, y compris au plus fort de l'offensive barbue sur le secteur ouest de la ville) avait peut-être pour but de ne pas prêter le flanc à la propagande occidentale jusqu'à l'élection présidentielle américaine, dans l'espoir que Trump soit élu et s'entendre ainsi avec lui. Désormais, l'offensive peut reprendre et il n'y aura plus aucun bâton dans les roues (à moins d'une possible fronde des secteurs néo-conservateurs de l'armée d'ici janvier). Sur le front de l'est. Trump et Otan, ça fait deux. Le Donald a choqué son monde il y a quelques mois quand il a déclaré qu'avec lui, l'article 5 de l'organisation atlantique ne serait pas automatique avec les pays qui ne payent pas leur cotisation. Plus généralement, l'Otan ne semble absolument pas au cœur de ses préoccupations et on peut parier que la course militaire vers la frontière russe connaîtra un gros coup de mou. Tout ceci étant dit, le monde ne deviendra pas tout rose du jour au lendemain. D'abord parce que Trump tient des positions plus dures vis-à-vis de certains alliés de la Russie : Chine (mais uniquement sur le plan économique) et Iran (mais avec des déclarations contradictoires). Il sera intéressant de voir comment tout cela se combinera avec le prévisible rapprochement américano-russe. A l'instar de ce qu'il a fait sur la scène américaine où il a transcendé les habituels clivages politiques, le Donald risque de faire la même chose sur le plan international. Ses prises de position n'entrent en effet dans aucun schéma actuel. Oui à Assad mais non à l'Iran ; oui à Moscou mais non à Pékin ; non à l'Iran mais non également aux pétromonarchies sunnites... Bien sûr, ce ne sont que des esquisses et beaucoup d'eau peut couler sous les ponts, mais la chose est intéressante car l'on pourrait assister à une nouvelle donne internationale assez complexe. Reste enfin à savoir quelle sera la réaction de l'establishment US. Trump saura-t-il garder la main et imposer ses vues ? (Suite et fin)