Une nouvelle audience est prévue le 10 décembre. Actuellement trente journalistes sont en prison et dix-huit autres poursuivis dans le pays. Le 14 août 2013, les forces de sécurité égyptiennes lancent l'assaut contre les sympathisants des Frères musulmans, qui campent depuis le 3 juillet sur les places Rabaa Al-Adawiya et Nahda, au Caire, jour de la destitution du président islamiste, Mohamed Morsi, par l'armée. Mohamed Abou Zeid, alias «Shawkan», un photojournaliste égyptien missionné par l'agence britannique de photos en ligne Demotix, est en route pour la place Rabaa Al-Adawiya, avec deux confrères étrangers. Ils sont interpellés et emmenés par les forces de sécurité. Les étrangers sont libérés, Shawkan est conduit en prison avec des centaines d'autres Egyptiens accusés d'avoir participé aux manifestations pro-islamistes. Au moins 800 personnes ont été tuées, ce jour-là, dans la répression des sit-in, selon les organisations des droits de l'homme. Trois ans et cinq mois plus tard, Shawkan est toujours détenu dans la prison de Torah. Il a désormais 29 ans. Accusé d'homicide, de tentative d'homicide et de possession d'armes, il a été maintenu en détention provisoire bien au-delà de la période légale de deux ans. Depuis décembre 2015, il est jugé avec 738 autres détenus dans l'affaire du «démantèlement de Rabaa» et risque la peine de mort. Son moral comme sa santé se sont dégradés. Atteint d'hépatite C, il s'est vu refuser l'accès à un traitement médical. «Il paie de sa vie et de sa santé le fait d'avoir voulu couvrir un événement qui est devenu le massacre de Rabaa Al-Adawiya. Simplement pour avoir porté une caméra et exercé son métier», déplore Khaled El-Balshy, le vice-président du conseil d'administration du Syndicat des journalistes égyptiens, de passage en France, jeudi 8 décembre. Une nouvelle audience est prévue le 10 décembre. Elle coïncide avec la Journée internationale des droits de l'homme. Amnesty International, qui a choisi de mettre en lumière le cas de Shawkan et de neuf autres prisonniers d'opinion dans sa campagne «Dix jours pour signer», du 2 au 11 décembre, demande qu'il ait accès aux soins médicaux, qu'il soit libéré et qu'une enquête indépendante soit ouverte sur les mauvais traitements qu'il a subis en prison.