L'espace est immense, très bien construit, géré par le couple Sadat en compagnie du Commissaire Hellal Zoubir. De temps en temps, une odeur doucereuse de cuisine hante les lieux, elle émane d'un espace culinaire juste au-dessus. Les enfants s'en donnent à cœur joie, car ils apprennent à faire des crumbles, des tartes et autres mignardises sucrées avec un chef qui vient leur apprendre à faire un peu de cuisine. Un espace lecture, une salle obscure où des poufs immenses font face à un écran géant, on peut y voir ce que l'on veut comme film, ici en ce moment, ce sont des artistes en résidence qui font la nuit et le jour de cette belle salle qui accueille des artistes vidéastes. Un peu en retrait des espaces pour pratiquer le dessin, pour d'autres la lecture sera de mise. D'autres salles pour la photo. Ici à l'Espaco, la fête de l'art contemporain est permanente, elle est libre, ici on n'apprend pas, ici on partage ! Avec des plasticiens, des écrivains, des cinéastes ou des musiciens, on prend quelques heures et on partage. D'ailleurs, ce Centre d'Art contemporain reste un peu ignoré du grand public et c'est un grand dommage de voir des initiatives privées en ces temps d'austérité proposer au public un accès à l'art dans des prix mesurés et surtout à la carte. Il est en effet très rare dans le monde de voir des sommités partager leur expérience avec le tout public. Et pourtant, grâce à l'abnégation d'un couple en or avec des énergies créatrices très connues, la proposition est sans cesse renouvelée même dans les formations à l'écriture théâtrale, scénaristique et aussi littéraire par des professionnels confirmés. Bien-sûr, les expositions thématiques, individuelles et collectives se succèdent régulièrement au sein de cet espace entièrement dédié à la culture. Pour une année d'activités, l'Espaco a raconté nombre d'histoires, fait réaliser nombre de dessins, inspiré à la photo de nombreux curieux et présenté des œuvres à de nombreux afficionados de la chose culturelle avec des débats sur le design, l'art contemporain, les financements en culture et de nombreuses autres rencontres sur quasiment tous les domaines touchés par l'art en général. Le must, c'est aussi ces têtes d'affiche, Mehdi Djellil, Maya Bencheikh, Adlène Samet, Salah Malek, Hellal Zoubir, Arezki Larbi, Fatma Chaffa, Mustapha Goudjil... Toutes nos stars des années 2000 et aussi des années 1980 pour de superbes démonstrations plastiques de très haut niveau qui, jusqu'à aujourd'hui, trouvent leur place entre ces cimaises franchement très professionnelles. Pour cette dernière exposition de 2016, la vidéo a trouvé ses repères suite à une résidence d'artistes qui laisse la lumière aux seize de novembre pour une rencontre collective d'artistes plasticiens, photographes, sculpteurs et installateurs où l'on verra, par exemple, Fatima Chafaa revenir à ses premières amours photographiques, tout cela avec Oussama Tabti qui surfe entre vidéos et photos mais qui fixe ici son travail sur des pistes photographiques avec Meriem Touimer et Zakaria Moustari. Place aux arts plastiques sur des abstraits insolites et brillants de Akila Mouhoubi pour un retour en grâce très intéressant avec la délicate Maya qui laisse rêveur comme savent le peindre les gens inspirés. Zoubir Hellal revient avec quelques œuvres anciennes, il accumule les scènes, elles sont minuscules mais éclatent le talent sur plusieurs tableaux rythmés. Ils font le tour d'une colonne pour laisser à Mustapha Goudjil nous emmener bien loin dans quelques référents andalous postmodernes, Larbi Arezki plonge trois compositions rondes sur fond carrés, influences minimalistes japonaises qui laissent des sentiers colorés se laisser aller, Larbi est Méditerranéen, il se fait «doubler» par sa propre couleur. Salah Malek à côté laisse ses sculptures, Bouddhas étranges et femmes immémoriales nous inciter au questionnement. Samet Adlane laisse sa légende de la «mare nostrum» et ses monstres chimériques nous prendre au dépourvu avec Aguiar Sofia, avec un Bouras des meilleurs crus de 2006 avec des scènes prémonitoires sur les êtres, les éléments fantasmatiques entre érotisme et voyage et qui nous promet une belle exposition individuelle prochaine dans cet espace. L'installation se trouve de mise et Tomas Colacos réalise un petit espace intime fondamentalement intégré comme s'il avait de tout temps existé ici. Et puis Wéangai Ernest organique plus que jamais, qui laisse un point bleu, final ! à Mustapha Nedjaï pour une opération colorée de très belle facture. Il est vrai que nous aimons nous balader dans ce fabuleux endroit, qui dépayse et nous installe dans une autre ambiance. Le détour vaut la peine, les propositions esthétiques et d'animation culturelle ouvre la voie à de nombreux éventails de choses à partager. Pour le plaisir de la balade et de l'accueil de personnes chaleureuses, de discussions inédites et pour la rencontre avec des artistes hors pair, l'Espaco reste pour nous le navire amiral... nExposition collective les «16 de novembre exposent», depuis le 19 novembre 2016 avec les artistes, Sofia Aguiar, Ammar Bouras, Fatima Chafaa, Ernest Wéangai, Mustapha Goudjil, Arezki Larbi, Akila Mouhoubi, Zakaria Moustari, Mÿa, Mustapha Nedjaï, Malek Salah, Oussama Tabti, Tomas Calacos, Meriem Touimer, Hellal Zoubir, jusqu'à la fin décembre 2016, à l'Espace contemporain, Résidence CMB, Oued Terfa El-Achour, entrée libre, renseignements au 023243927-¬¬0665208798-0558282016.