Les loyers dans la wilaya de Annaba et les 11 autres communes ont flambé ces derniers mois. Ils ont atteint le comble alors qu'ils auraient dû connaître une tendance à la baisse après les dernières opérations d'attribution. Il faut savoir que plus de 12.000 logements sociaux et autres tous segments confondus ont été attribués sur le territoire de la wilaya. Particulièrement à la fin 2015 et dans le courant 2016 qui ont vu des milliers de familles bénéficier chacune d'une habitation décente. Cette situation intervient au grand désarroi de la population, pendant que le panier de la ménagère ne cesse de s'amoindrir pour cause de morosité économique ambiante. A Sidi Salem, à Bouzaroura, à Kalitoussa et bien d'autres sites comme El-Gantra, le commerce de la location de l'immobilier fait ravage. Comme s'il s'agissait d'un mot d'ordre, des logements flambants neufs sont proposés à la location multiforme. D'autres sont carrément rétrocédés à des spéculateurs invétérés ayant pignon sur rue à l'Office de Promotion et de Gestion Immobilière (OPGI). Les arrêtés changent de noms et de mains comme par miracle. La toute récente affaire des 2 avocates du barreau de Annaba et d'un agent immobilier faisant fonction d'intermédiaire, confirme cet aspect du grand dossier de trafic de logements sociaux dans la wilaya de Annaba. Et pourtant, ces logements sont censés avoir été attribués à des familles issues des bidonvilles dans le besoin d'un logement décent. Il n'y a pas que les logements OPGI qui font l'objet de transactions douteuses. Mêmes ceux gérés par AADL et autres promoteurs immobiliers font partie du trafic tous azimuts. Il s'opère au vu et au su de tous. Ce qui explique le pourquoi des attributions à la «en veux-tu en voilà» des terrains domaniaux que, durant des années, l'on a refusé à des investisseurs créateurs de richesse et d'emplois. Ces terrains sont attribués à des opérateurs économiques sans foi ni loi. On suivra avec attention le dossier « site de Beni M'Haffeur », une surface de quelques cinq hectares. Quel argument avancera-t-on pour justifier l'attribution de ce terrain à un baron local de l'immobilier ? Cela ne saurait tarder après l'opération sélection de l'étude portant sur la finalité de cette surface située dans un site résidentiel. Tout autant que beaucoup d'autres de son espèce, ce baron éprouve un malin plaisir à augmenter de façon arbitraire les prix de cession des logements qu'il réalise. Face à cette situation qui ne fait que perdurer en raison de l'absence d'une loi en la matière, s'impose la nécessité d'assainir et règlementer ce secteur. Mais qui d'autres que les élus de l'APN de par leur qualité de représentants du peuple pourraient le faire ? Les multiples interpellations des citoyens sur la nécessité d'entamer une étude de ce dossier de «promotion immobilière» n'ont pas eu de suite. Il ne fait pas partie des préoccupations des députés. En attendant, les promoteurs immobiliers font dans la surenchère en agissant en spéculateurs immobiliers. Comme dans d'autres secteurs socioéconomiques, l'Etat n'a pas soumis un quelconque projet de révision de la loi portant fixation des prix de cession de l'immobilier et du foncier. «Le gouvernement pourra à travers des décrets d'applications fixer les prix de cession ou location du patrimoine foncier ou immobilier sur tout le territoire national», explique un important promoteur immobilier. Pour l'heure, les logements attribués par la wilaya particulièrement ceux des communes de El-Bouni et Berrahal font les beaux jours d'une véritable pègre. Ces logements ont été transformés en garçonnière pour les uns et lieu de passe pour d'autres. Sans que nul ne retrouve à y redire, à Bouzaroura comme à Kalitoussa et El-Bouni, le prix de la location d'un F3 neuf pour l'année varie de 20.000 à 35.000 DA et la cession avec ou sans changement de l'intitulé de l'arrêté d'attribution de 5 à 7 millions DA. Au siège de la wilaya, du moins au service compétent de l'OPGI, l'on a cure de cette situation. Pis, tout est fait pour que les demandes des citoyens d'Annaba, notamment celles des jeunes couples natifs de Annaba de père en fils, finissent à la poubelle. Et dire qu'au cabinet du wali on est tout heureux d'annoncer l'attribution de milliers de logements en conformité avec la réglementation. On ne précisera pas que celle-ci alimente le réseau de trafic des attributions de logements qui a permis à deux avocates et un intermédiaire de se retrouver milliardaire en quelques mois.