Selon le chef des Antiquités de Palmyre, les djihadistes ont détruit le Tétrapyle, un monument de 16 colonnes, et endommagé la façade du théâtre romain de la cité antique syrienne. Le groupe Etat islamique (EI) a détruit deux monuments antiques à Palmyre, ville du centre de la Syrie qu'il avait reprise au régime en décembre, a annoncé ce vendredi le chef des Antiquités. «Des sources locales nous ont informé que Daech avait détruit le Tétrapyle, un monument de 16 colonnes, et des photos satellite reçues (jeudi) de nos collègues de l'université de Boston montrent des dommages à la façade du théâtre romain», a indiqué Maamoun Abdelkarim. Des monuments des Ier et 3e siècles. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a aussitôt dénoncé ce qu'elle a qualifié de «crime de guerre» et «d'immense perte pour le peuple syrien et l'humanité». «Ce nouveau coup porté au patrimoine culturel, quelques heures après que l'Unesco ait été informée d'une exécution massive dans l'ancien théâtre de Palmyre, montre combien le nettoyage culturel conduit par des extrémistes vise à la fois les vies humaines et les monuments historiques, afin de priver le peuple syrien de son passé et de son avenir», a-t-elle déploré. Le tétrapyle avait été érigé à l'époque de Dioclétien, à la fin du IIIème siècle. C'était un carré avec quatre colonnes à chaque coin. Sur les 16 colonnes, une seulement était originale tandis que les autres avaient été reconstruites en ciment par le service des Antiquités syrienne en 1963. Les colonnes originales étaient en granit rose venu d'Egypte. Le théâtre romain, pour sa part, compte neuf rangées de gradins. Il est daté du premier siècle de notre ère. Lors de sa première occupation de la ville, de mai 2015 à mars 2016, l'EI l'avait utilisé pour des exécutions publiques. «Je m'attendais à un terrible scénario» «Dès le premier jour, je m'attendais à un terrible scénario. Nous avions déjà été témoins de la terreur lors de la première occupation de la ville, et franchement je ne pensais pas que Palmyre serait occupée une seconde fois», a ajouté, bouleversé, Maamoun Abdelkarim. «La bataille pour Palmyre est culturelle et pas politique. Je n'ai pas compris comment la communauté internationale et les acteurs du conflit syrien ont accepté que Palmyre tombe», a-t-il ajouté. Au moins douze personnes auraient par ailleurs été exécutées récemment par le groupe djihadiste au coeur de la ville, selon le site AMN, citant l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Quatre fonctionnaires, dont des enseignants, auraient été décapités devant un musée. Les huit autres victimes -quatre soldats de l'armée syrienne et quatre combattants d'autres groupes armés syriens- auraient, elles, été tuées par balle.