Nous sommes peut-être en train de sortir d'une situation de violence dite terroriste pour entrer dans celle d'un nouveau type de violence que traduiront les insécurités sociales, et cette situation est prévue comme durable du fait de l'impossibilité de faire face à l'augmentation exponentielle des frustrations socioéconomiques des populations. C'est de toute façon le constat conjuré par nombre d'analystes. Nous sommes peut-être en train de conjuguer deux situations de violence, la première étant liée à un terrorisme lié encore à la tragédie et l'autre appelée insécurité sociale ; avec la seule différence que les auteurs de cette dernière ne cherchent pas à se saisir du pouvoir, mais à devenir des pouvoirs parallèles dans les zones de non-droit qu'ils s'efforcent de dessiner. Les autorités ont cru avoir trouvé la parade par l'augmentation des effectifs des forces de sécurité alors que cette dernière est un élément de la parade globale et ne saurait certainement constituer toute la parade. Dans les discours des uns et des autres, officiels ou pas il n'y a plus d'indices visibles et audibles qui viennent nous conforter, plus particulièrement conforter ceux qui n'arrivent pas à lire leur avenir pour savoir s'ils pourront arriver un jour à joindre les deux bouts. Tous les concepts utilisés en liaison à la tragédie sont de plus en plus abandonnés. Serait-ce un début d'amnésie que nombre d'observateurs considèrent comme naturel dans un contexte où il faut faire face à la permanente «révolution des demandes sociales». Tout comme il a été considéré que les seuls moyens de force ne seront pas suffisants pour ramener ou imposer la paix dans le cas d'une situation de violence telle celle liée à la tragédie, il devrait être admis que l'abaissement du niveau de la criminalité ne pourrait pas être le résultat de l'emploi exclusif des moyens de répression. Certes, l'emploi des moyens de forces et des sanctions pénales est inévitable comme instrument de prévention et de dissuasion, mais cela ne suffit pas à immuniser la société contre de telles dérives