L'écriture et l'enseignement sont les seuls moyens de préservation des langues maternelles, ont estimé mardi les intervenants à la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle qui s'est déroulée à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Dédiée au poète Si Mohand Ou Lhocine Sahnouni qui a marqué le passage de la poésie kabyle de l'oral à l'écrit, et placée sous le thème «La langue maternelle source et vecteur du patrimoine culturel algérien», la rencontre a été une occasion de rappeler que la richesse linguistique de l'Algérie a contribué à la diversification de son patrimoine matériel et immatériel mais aussi à sa préservation de l'oubli, a estimé la directrice de la culture à l'ouverture des travaux. Tout en rappelant que la journée internationale de la langue maternelle est célébrée depuis 2000 dans l'objectif de promouvoir la diversité linguistique et culturelle, Nabila Goumeziane a affirmé que «la langue maternelle des Algériens est porteuse d'un patrimoine culturel ancestral riche et véhicule des valeurs sociales prégnantes héritée depuis des millénaires pour constituer notre personnalité aujourd'hui». Abordant le Tamazight qui renferme plusieurs dialectes au niveau national, elle a rappelé qu'il a traversé à travers l'histoire «des épreuves tumultueuses, mais par sa richesse et l'attachement de ses locuteurs, il s'est préservé et est transmis jusqu'à nous». Les intervenants à cette journée parmi les universitaires, ont estimé que la préservation de la langue maternelle est tributaire de son enseignement et du travail de recherche et de promotion linguistique. Selon Saïd Chemmakh, enseignant au département de langue amazighe de l'université Mouloud-Mammeri, une étude menée par des chercheurs étrangers a démontré qu'à l'horizon 2050, 3 000 langues maternelles sur les 6 000 recensées disparaîtront, si elles ne passent pas de l'oralité à l'écrit. Il a estimé que la retransmission à l'intérieur de la cellule familiale puis à l'école à travers son enseignement constitue un moyen efficace pour perpétuer une langue et assurer sa survie. Hassan Helouane a signalé, pour sa part, que la préservation du patrimoine immatériel en langue maternelle passe par l'écriture. Il a rappelé dans ce sillage que Si Mohand Ou Lhocine Sahnouni avait sauvé, grâce à ses écrits plus de 230 poèmes, 44 contes et 263 proverbes kabyles. Les participants ont mis également le point sur l'apport des travaux et des recherches linguistiques menées par Mouloud Mammeri qui a mis les fondements de l'enseignement de Tamazight, à travers l'instauration des règles de la grammaire, mais aussi le rassemblement de tous les synonymes des différents dialectes amazighes dans un seul dictionnaire. Ses recherches ont permis aussi de sauvegarder des contes kabyles anciens, des poèmes de Si Muhand Ou Mhand et Chikh Mouhand Oulhocine, ainsi que la tradition de l'Ahlil de Gourara, a-t-on rappelé. La célébration de la journée internationale de la langue maternelle a été marquée, par ailleurs, par une exposition des travaux des élèves des établissements scolaires de Tizi Ouzou, des chorales, des pièces théâtrales, des danses folkloriques, des défilés de modes, des films documentaires et des fiches de lectures sur les langues maternelles préparées par des écoliers.