Le département d'Etat américain a sévèrement critiqué l'usage persistant de la torture dans les prisons marocaines où 129 détenus ont trouvé la mort en 2016, selon des chiffres du gouvernement. Dans son rapport 2016 sur l'exercice des droits de l'Homme dans le monde, le département de Rex Tillerson indique que les forces de sécurité au Maroc ont systématiquement recouru à des méthodes violentes pour arracher des aveux ou réprimer des opposants. Asphyxie, simulation de noyade, placement des prisonniers en situation de stress, violences psychologiques et sexuelles sont autant de méthodes utilisées par les forces sécuritaires pour faire taire les voies dissidentes, constate le rapport, citant des témoignages recueillis par l'ONG Amnesty International. Des militants des droits de l'Homme ont affirmé que les administrations pénitentiaires réservaient un traitement plus sévère aux détenus qui «contestaient l'autorité religieuse du roi et ceux accusés de remettre en question l'intégrité territoriale du Maroc», d'après le dit rapport. « Le gouvernement marocain a fait état de 129 détenus qui sont morts au cours de l'année 2016», a souligne le département d'Etat en laissant entendre que le nombre pourrait être plus important. En 2015, pas moins de 119 détenus ont trouvé la mort dans les prisons marocaines, rappelle-t-on. Des associations marocaines des droits de l'Homme ont affirmé que les établissements pénitentiaires n'offraient pas aux prisonniers un accès adéquat aux soins de santé et ne répondaient pas également aux besoins spécifiques des détenus handicapés. Le département d'Etat précise que le Comité des droits de l'Homme de l'ONU, chargé de surveiller la mise en oeuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, reste préoccupé par l'usage de la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et les ONG de défense des droits de l'Homme ainsi que les médias ont tous attesté que les autorités marocaines ont échoué à appliquer la loi contre la torture. Le rapport relève que les prisons surpeuplées au Maroc ne répondaient pas aux normes internationales en la matière et pointe également du doigt l'incarcération des mineurs dans des centres de détention pour adultes. Le ministère américain déplore la persistance des arrestations arbitraires, la répression des manifestants, l'impunité généralisée ainsi que l'absence des mécanismes efficaces pour enquêter sur les abus et la corruption. La situation est aggravée par le manque d'indépendance du système judiciaire marocain, affaibli par la corruption et l'influence extrajudiciaire, constate le document. Citant des ONG internationales et locales, le département d'Etat a indiqué que les autorités avaient rejeté de nombreuses plaintes pour violation des droits de l'Homme, se contentant uniquement des versions des faits présentées par la police. Concernant le respect des libertés civiles, le rapport souligne que le gouvernement a imposé des restrictions à la liberté de la presse en procédant à l'arrestation des journalistes qui commentent des questions jugées sensibles par les autorités.« Le rapport de Freedom House de cette année a noté qu'il régnait une atmosphère de peur chez les journalistes qui a conduit à une autocensure accrue», s'indigne le département d'Etat. Par ailleurs, la corruption reste répandue au Maroc notamment au sein de l'exécutif et du système judiciaire. « Les observateurs ont noté une corruption généralisée dans les rangs de la police » devant l'incapacité des autorités à lutter contre ce fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur au Maroc. Enfin, le rapport du département d'Etat souligne que les autorités marocaines continuent d'imposer des restrictions aux activités des ONG et des journalistes étrangers. Amnesty International et Human Rights Watch ont été empêchées d'activer au Maroc, leurs représentants sont toujours interdits de s'y rendre.