Khaled Rochedi m'avait envoyé le carton d'invitation via facebook, en faisant joindre un plan de l'endroit où devait se dérouler le vernissage de son exposition «Expression onirique », prévu à partir de 15 heures. On n'a pas résisté à la tentation de se pointer à l'adresse indiquée avec trente minutes d'avance. Une surprise nous attendait à l'arrivée. Au lieu de nous retrouver dans une galerie, Khaled avait tout simplement aménagé plusieurs espaces situés dans la résidence parentale, ce qui donnait à cette exposition un climat très simple et tellement convivial... Avant tout, je voulais juste préciser qu'une visite aux expositions de Khaled Rochedi se conçoit comme un magnifique et merveilleux voyage dans le monde magnifique des couleurs et des personnages mystérieux... On est proche du ravissement. Cette fois-ci, Khaled n'exposait pas seul, il a voulu fêter les couleurs avec une artiste de talent, au sourire rempli de douceur, Mya, de son véritable nom Mounia Lazazi. Ces deux artistes ont réussi à accorder leurs deux styles d'art visuel pour nous faire pénétrer dans un monde fantastiquement chamarré. C'est donc, à une riche promenade entre les personnages récurrents de Khaled et les couleurs de Mya que nous invite « Expression onirique », la première exposition commune consacrée à cette rencontre harmonieuse entre deux styles différents -mais tellement complémentaires- d'expression artistique. Du côté Khaled Rochedi, j'ai été comblé par « Les bâtisseurs », un magnifique tableau représentant un bien étrange personnage mi-homme, mi-mélange de machine et de bâtisse (?) au regard triste et la tête penchée sur le fuselage d'un avion... ou peut-être un train, entrain de commencer à écrire à l'aide d'une longue plume sur une feuille blanche...La signification ? Il n'y en a pas une, mais plusieurs. Chaque observateur apporte son analyse, et c'est là, la particularité des œuvres de Khaled Rochedi, il laisse une porte ouverte sur ses œuvres. Mais je dois avouer avoir été également séduit par « Overdose urbaine », une magnifique œuvre « patchée » en rouge pour indiquer que c'est vendu...quoi ? Déjà ??? « Overdose urbaine » représente un personnage au regard effrayé, en tenue de bagnard, tentant de fuir, tout en se débarrassant de liens qui le retiennent à des constructions... Ces bâtisses, réalisées par l'homme, même construites avec les plus durs des matériaux, ne pourront résister au temps et se transformeront tôt ou tard en ruine. L'homme réalisant que ces mêmes bâtisses qu'il a pourtant lui-même construites, ne sont, en réalité, que le symbole de l'horreur décide alors de fuir... « Le spleen en rose » est une autre belle toile, représentant un enfant assis à même le sol (ou peut-être tombé sur le sol), les yeux mi-clos...est-ce la douleur ? Plus loin, une autre œuvre nous interpelle, le tableau porte ce tire : « Le cosmique »...un homme, habillé tout en bleu, assis en tailleur et se tenant la tête d'une main, il semble sommeiller ou être dans un état second, au-dessus de lui, une lune bleue comme ses vêtements...l'ambiance est à la sérénité, l'homme est zen, dans un état de bien-être absolu. Mya est dans un autre style, plus de détails, plus de couleurs dans ses œuvres. Mon tableau préféré, est aussi, par pur hasard, son préféré. Lorsque je lui avais demandé de choisir une de ses œuvres pour la photo, elle n'a eu aucune hésitation...elle se dirigea vers cette belle vue d'Alger, tout en couleurs dans ce beau bleu méditerranéen. Mais les autres œuvres de Mya ne sont pas en reste. Des visages colorés mais aussi des œuvres ayant pour point commun : l'eau, el mâa ou el miyah...bizarre ! Y a-t-il une similitude avec le nom artistique Mya ? Peut-être bien que oui...peut-être bien que non ! Les toiles de Mya se succèdent dans ce large couloir de la maison, des tableaux qui pourraient aussi devenir de merveilleux fonds d'écran d'ordinateur...des cercles de couleurs sur un fond sombre dégradé et, comme jetées dessus, de nombreuses gouttelettes d'eau...elles semblent si réelles ces gouttelettes ! Dans l'autre pièce, des cadres de mêmes dimensions, qui représentent des visages colorés sur un fond blanc...superbes tableaux. Mais le clou de l'exposition ou plutôt la grosse surprise, ce sont ces trois étranges statuettes de trente centimètres, fabriquées en argile, de couleur bleue fantastiquement travaillées...c'est le nouveau travail de Khaled Rochedi qui a voulu s'essayer à la sculpture. Trois premières statuettes, « le Roi », « la Reine » et « le Fou » sont le début d'une série de futures pièces d'un grand échiquier. Comment lui est venue cette idée ? Il me raconte que son fils lui avait demandé de lui sculpter de petits personnages à l'aide de pâte à modeler et que le résultat l'ayant séduit, il s'est dit, pourquoi ne pas faire des personnages en plus grand avec de l'argile ??? Et dire que tout cela avait démarré d'une requête venant d'un petit enfant...« Expression onirique » est une exposition qui ne vous laissera pas indifférents et vous envoûtera de ses couleurs, de sa fraîcheur, de sa fantaisie, de son authenticité, de la sympathie des deux artistes, et comblera, sans aucun doute, tous les amateurs d'art.