Tout cela ne semble pas corroborer l'idée d'une entente poutino-trumpienne sur le dos du système impérial, même si certains pensent qu'il s'agit ici encore d'une collusion secrète. Voir par exemple cette thèse quelque peu iconoclaste mais néanmoins intéressante qu'un lecteur a eu l'obligeance de porter à mon attention : En substance, il y est dit que la Russie voire même l'Iran auraient pu tester leurs systèmes anti-missile sur les Tomahawks en guise d'apéritif, Tomahawks sciemment mis à disposition par le Donald qui préfère s'en débarrasser dans une opération grand spectacle plutôt que de les démanteler. L'idée est séduisante et rejoindrait le fait qu'une partie des missiles soient arrivés à bon port sur des cibles ne gênant pas l'armée syrienne tandis que l'autre (les 36) a été détruite par les Russes. Chacun y retrouve son compte en quelque sorte. Sauf que cela ne cadre pas vraiment avec l'atmosphère générale qui se dégage de toute cette affaire... Secundo : Trump est mort, vive Cretinho ? Un passionnant article du toujours très informé Robert Parry dévoile de l'intérieur la prise de décision. Il y aurait eu une vive lutte dans les hautes sphères du pouvoir et une gêne évidente parmi la communauté du renseignement, persuadée de l'innocence d'Assad dans l'événement chimique. A la Maison Blanche, un combat à couteaux tirés eut lieu entre d'un côté Steve Bannon et Jared Kushner (!) et, de l'autre, le conseiller à la sécurité nationale, le néo-con McMaster. Finalement, Cretinho s'est rangé à l'avis de la clique de ce dernier, souhaitant alléger la pression du Deep State à son égard. Arrêtons-nous un instant sur Kushner, gendre juif orthodoxe de Trump et sioniste fervent, qui a pourtant pris le parti de son ennemi personnel Bannon et conseillé à son beau-père de tout déballer sur la Syrie : l'intox de la Ghouta et la manip de Khan Cheikhoun la semaine dernière ! Le népotique Trump n'allant pas se débarrasser de sa famille, le Jared devrait selon toute vraisemblance rester à la Maison Blanche et, s'il n'est pas lui-même récupéré, tout espoir n'est donc pas tout à fait perdu pour le futur. D'autant que Bannon et Kushner ont enterré la hache de guerre, peut-être rapprochés par l'affaire syrienne d'ailleurs. Mais, malgré l'optimisme de certains, on ne peut que craindre que le marais ait gagné la partie, au moins temporairement. Tillerson devient franchement pesant, Goldman Sachs fait une OPA sur la Maison Blanche, certains anciens conseillers s'en mêlent (comme ce Walid Phares qui propose de créer une « Syrie libre » dans l'est une fois libéré de Daech), on prépare sans rire des sanctions contre Damas et la harpie représentante à l'ONU se comporte en Samantha Powers bis. En passant, revoyons pour le plaisir comment cette tête-à-claque s'est fait démolir sur pied à l'ONU par le représentant bolivien : Ce bon moment ne doit cependant pas nous cacher la tendance qui se profile à Washington. Les soutiens traditionnels de Trump ne s'y trompent d'ailleurs pas : c'est une véritable hémorragie. (A suivre)