Plus on avance dans la certitude que le terrorisme, c'est pratiquent fini, et que les autorités n'en parlent que pour signifier que la paix est revenue, plus les populations abandonnent les postures de vigilance qu'elles avaient l'habitude d'observer. Les autorités ne parlent plus de posture populaire de vigilance et d'ailleurs, elles ne cernent pas publiquement les diverses composantes de ce concept sachant que les pouvoirs publics n'en ont pas défini le mode d'emploi. Quelle posture de vigilance ? Comment l'adopter ? Il ne s'agit plus seulement de suspecter les sacs abandonnés. La pratique des attentats est passée à un stade plus extrême. Des bombes humaines et des camions piégés conduits par ceux qui ont accepté la mort pour eux. On ne va quand même plus dire que les pratiquants d'une telle violence ont abandonné le projet d'une paralysie de l'économie, d'un parasitage du fonctionnement du système politique avec à terme un isolement de la diplomatie et de pratiquement interdire à l'Etat de récupérer la capacité à gouverner. Ce ne sont que des illusions face à une armée solide et solidaire, mais le terrorisme est encore là, quelque soit le niveau de violence qu'il peut pratiquer encore, et celui-ci semble tirer de sa survie les éléments de son renforcement. Il n'a pas gagné la guerre et ne peut la gagner militairement mais n'est pas éradiqué. Il y a cette donne stratégique qui devrait placer les pouvoirs publics dans une situation où il serait plus que nécessaire d'éviter les discours à effets d'annonce dans un contexte d'existence de nombreux foyers de crise et où les forces de sécurité découvrent que les interventions sont a longue durée et que la pratique de la violence peut se prolonger indéfiniment. Gaspillage ou rentabilisation de l'usage stratégique des moyens militaires ? Inadaptation des institutions aux exigences des missions à exercer en amont des insécurités ? Impossibilité à trouver les instruments de dissuasion des terroristes ? Peut-on dissuader ceux qui acceptent de se faire exploser et qui croient qu'en devenant des bombes humaines ils rentrent encore plus dans la grâce de Dieu ? Un attentat de plus est un attentat de trop. Autant le pouvoir peut invoquer les éléments de sa victoire en s'appuyant sur le fait que les institutions ne se sont pas effondrées, autant le terrorisme peut invoquer, lui également, les éléments de « sa victoire » en s'appuyant sur le fait évident qu'il poursuit sa sale besogne. Même au bord de son asphyxie. Comment donc évaluer la situation dans une marge d'incertitudes la plus étroite possible ? Faire le décompte des moyens financiers, militaires et matériels détenus par l'Etat et par les groupes armés, et ainsi aboutir à les quantifier et à les comparer ? Impossible d'y trouver une cohérence en comparant une armée conventionnelle avec des groupes armés auxquels la clandestinité peut conférer une supériorité opérationnelle ? La clandestinité est un virus qui parasite l'évaluation des moyens dans les deux camps. On ne va pas tout de même intégrer les navires, les chars et les chasseurs aériens dans le calcul de l'évaluation des forces en présence, compte tenu qu'ils ne sont pas appropriés à la lutte contre les groupes armés.