Neuf ans après l'assassinat du professeur universitaire feu Mohamed Ben Chehida, à Mostaganem, la famille universitaire a encore une fois été secouée par la triste nouvelle de l'assassinat du Dr. Karoui Serhan, enseignant à la faculté de droit et des sciences politiques relevant de l'université de Khémis Miliana dans la wilaya de Aïn Defla. En effet, le jeune docteur en sciences administratives et juridiques a été lâchement assassiné dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 juin 2017 par deux individus. La victime, âgée de 44 ans, a reçu plusieurs coups sur la tête par un objet métallique pointu avant d'être retrouvée à la cité 122 logements à Tipaza. À en croire des sources concordantes, la dépouille du défunt a été retrouvée près d'un immeuble du quartier sus-cité, avec des traces sur plusieurs parties de son corps, portés par un objet pointu. Les agresseurs présumés seraient deux étudiants que la victime avait empêché de tricher durant les épreuves de rattrapage de l'année en cours à l'université où il professe, selon les premières informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux. Un acte «d'une gravité extrême ayant plongé, encore une fois, l'Université algérienne dans le drame. L'université, ce lieu sacré ne cesse de connaître des scènes de violence et des crimes odieux. «Cette fois-ci, la violence en milieu universitaire a franchit une nouvelle étape», dénonce le professeur syndicaliste Driza Samir, enseignant à la faculté des lettres et des langues à l'université de Khémis Miliana. Nous nous sentons, enchaînera le même syndicaliste, menacés à l'intérieur même de l'enceinte universitaire d'autant plus que les accidents de ce type se multiplient au sein des universités du pays. «Pourquoi reproche-t-on souvent à l'enseignant l'intransigeance quand il accomplit ses missions correctement et conformément à la réglementation en vigueur ? Pourquoi l'honnêteté est devenue synonyme d'injustice et d'intransigeance ?», s'interroge M. Driza. Par ailleurs, la section du Conseil National des enseignants du supérieur (Cnes) de l'université de Khémis Miliana a décidé lors d'une réunion extraordinaire, tenue dans la matinée du lundi, d'organiser un rassemblement de deuil devant le siège du rectorat en hommage à leur collègue lâchement assassiné. Cet appel de la section locale du Cnes, à une «journée de deuil, d'hommage et de solidarité» sera observée aujourd'hui dans la quasi-totalité des universités du pays, en soutien aux enseignants universitaires menacés par toutes les formes de violences et en hommage aux enseignants universitaires victimes, a-t-on appris auprès du président de la section syndicale. «Il faut savoir qu'il ne s'agit pas d'un simple fait divers car ce crime odieux dont notre collègue est victime pose un vrai problème de société. Depuis quand l'élite du pays se sent-elle menacée dans sa propre vie !?», nous confie un enseignant à la même université. Le phénomène de la violence dans le milieu scolaire et universitaire ne cesse de prendre des proportions alarmantes ces dix dernières années et ce, en dépit des mesures prises par les pouvoirs publics pour réduire ce fléau. Cependant, la volonté des autorités locales n'a été traduite que par si peu de résultats sur le terrain. Il faut signaler que l'enseignant victime a laissé derrière lui un enfant et une veuve enceinte, professeure dans la même université. Il convient de dire que la nouvelle, qui a circulé de bouche à oreille et via les réseaux sociaux, a rapidement choqué les Algériens. Ainsi, les internautes ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux. Militants, journalistes, professeurs ou étudiants ont bel et bien exprimé leur tristesse face à cet incident tragique. Ces derniers qui s'expriment dans leurs publications et commentaires estiment que cela reflétait «la faillite du système éducatif et universitaire dans son intégralité». Les confrères n'ont pas manqué de citer l'affaire du professeur Mohamed Miliani qui a été injustement agressé le 21 mai passé par trois étudiants d'une organisation estudiantine baptisée Solidarité nationale etudiante. Le ministre chargé du secteur s'exprimera-t-il sur la question ? Est-il conscient de la gravité de la situation ?