Selon le Cnes, cette agression participait d'un "plan programmé pour éliminer une organisation syndicale qui est un acquis de la démocratie, laquelle n'est pas dans l'intérêt de ceux qui ont semé la corruption et accaparé des postes". Les enseignants de la faculté des sciences politiques et des relations internationales (Université Alger III) ne sont pas prêts, visiblement, à abdiquer après les violences de jeudi dernier dont ont été victimes certains de leurs collègues de la part d'individus, des "voyous n'appartenant pas à la faculté", qualifiés de "baltaguia", du nom égyptien de ces mercenaires chargés de torpiller les initiatives qui incommodent les responsables. Dans un communiqué publié hier à l'issue d'une assemblée générale tenue au sein de la faculté, en présence d'enseignants d'autres facultés de l'Université Alger III, les enseignants, près d'une centaine, ont décidé de lancer une grève de trois jours à compter d'aujourd'hui, renouvelable si "toutes nos revendications ne sont pas prises en compte". Parmi les revendications : l'ouverture d'une enquête urgente et immédiate pour "déterminer et punir les commanditaires et les exécutants" de cette agression "criminelle", afin que celle-ci ne devienne pas un "acte de management" universitaire, note le texte. Touchés dans leur dignité, ces enseignants, dont le seul tort est de s'être réunis pour débattre de leur situation socioprofessionnelle et pour élire un bureau du Cnes, syndicat qui, manifestement, n'est pas en odeur de sainteté avec la direction pour avoir pointé du doigt des "dysfonctionnements" au sein de l'université, ont également décidé de "déposer des plaintes auprès des parties concernées" et "actionneront toutes les mesures relatives aux conseils de discipline contre les auteurs de cette agression". Selon Mohamed Rezig, coordonnateur provisoire du Cnes, les plaintes ont été déposées hier auprès du commissariat de Ben Aknoun. Aussi, invitent-ils les professeurs remplissant des fonctions administratives à geler leurs activités administratives jusqu'à ce que la situation soit réglée. Tout en condamnant avec "énergie" cette agression qui représente un "précédent d'une extrême gravité", les enseignants tiennent pour responsable de cette agression la tutelle composée de la "direction de l'université et l'administration" de la faculté. Par ailleurs, ils tiennent à rendre hommage à tous leurs collègues enseignants venus marquer par leur présence leur solidarité et leur refus de voir la "médiocratie et la corruption s'institutionnaliser", ainsi qu'aux étudiants de la faculté qui non seulement ont soutenu les professeurs, mais également se sont constitués en mur de protection autour du lieu de l'AG, afin de protéger leurs professeurs, selon le communiqué. Enfin, ces enseignants invitent la famille universitaire à exprimer concrètement son soutien aux professeurs agressés et sollicitent leur implication dans la défense de la dignité de l'enseignant universitaire. "Notre mouvement n'a qu'un seul objectif : rétablir l'université et les universitaires dans leur dignité", conclut le texte dont des copies seront envoyées à la présidence de la République, au Premier ministère et à la tutelle. Une assemblée générale est prévue jeudi prochain pour faire le point sur la situation. Dans un communiqué publié jeudi dernier, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) avait qualifié de "dérives dangereuses" les agressions dont ont été victimes les enseignants. Selon le syndicat, cette agression participait d'un "plan programmé pour éliminer une organisation syndicale qui est un acquis de la démocratie, laquelle n'est pas dans l'intérêt de ceux qui ont semé la corruption et accaparé des postes". Le Cnes a tenu pour responsable de la "violence criminelle" la direction de l'université en charge, rappelle-t-il, de la sécurité à l'intérieur du campus. Il a également dénoncé le "silence de la tutelle" devant ce qu'il qualifie de "pourrissement visant à entraver le travail syndical". Le Cnes a appelé à la tenue d'un sit-in demain devant le ministère pour dénoncer les violences dont été victimes les enseignants. Karim K.