Au-delà de leurs missions régaliennes classiques, les 28 walis et les 7 walis délégués nommés au niveau des différentes wilayas et importantes daïras du pays, doivent se transformer en stratèges, managers et planificateurs du développement local ayant la pleine maîtrise des spécificités du terroir. Ce qui, en l'état actuel des choses, relève d'une mission impossible dans certaines wilayas. Celles où sévissent, à ciel ouvert depuis des années, la corruption, le tribalisme et les dépassements. C'est dire toutes les difficultés qui attendent les nouveaux walis et les walis délégués. Ils doivent aussi s'impliquer dans l'élaboration des programmes de cohérence locale et nationale qu'ils entendent mener pour répondre aux exigences que leur impose leur population respective. C'est notamment le cas dans les wilayas frontalières de l'Est et de l'Ouest où la corruption bat la mesure des changements administratifs qui y sont opérés. Dans ce créneau, Annaba, Tébessa et Tarf se classent dans le lot de tête. Il y a, également, le phénomène des nominations à des postes sensibles de direction locale dans un secteur ou un autre. Elles obéissent à des critères de régionalisme. Particulièrement la wilaya de Annaba où, à lui seul, le secteur de la santé, comptabilise une douzaine d'individus des deux sexes issus du même village, membres de la famille, proches ou ayant des affinités avec le député BahaEddine Tliba pour beaucoup dans leur recrutement, promotion ou affectation. C'est également le cas dans le secteur du foncier. Il y a beaucoup d'autres difficultés auxquelles le nouveau wali d'Annaba Mohamed Salamani sera confronté. L'incompétence ayant élu domicile dans la majorité des secteurs socio économiques, il ne pourra s'appuyer que sur des cadres dont, majoritairement, l'inefficacité dans l'exécution des programmes est notoire. Il reste, cependant, que maîtrisant au mieux ses prérogatives, le secrétaire général de la wilaya, à lui seul, ne pourra pas répondre à toutes ses attentes. D'autant qu'à Annaba, hier qualifié de capitale économique, des problèmes insolites gangrènent le fonctionnement de la wilaya. Ce sont des problèmes de même nature qui se répètent. Tant et si bien que le commun des citoyens est arrivé jusqu'à se poser la question sur qui gère cette wilaya ? Y'a-t-il une véritable direction de l'exécutif avec un capitaine à qui tout le monde obéit ? Cette image est pratiquement identique à celle relevée dans d'autres wilayas du pays. Y ont été enregistrés des événements sans tête ni queue conséquence du contexte de notre pays confronté à une crise politique et économique qui ne dit pas son nom. Depuis les dernières législatives, le spectacle offert par les responsables locaux est désolant. Au désordre assourdissant à la tête de l'état, s'ajoute l'inertie sonore dans les structures décentralisées. C'est pourquoi chacun attendait que la présidence sonne la fin de la récréation et que les correctifs nécessaires soient apportés avant qu'il ne soit trop tard. Est-ce à dire que la décision portant nomination de 28 walis et 7 walis délégués est cette sonnerie que l'on attendait ? C'est-à-dire celle qui mettra fin au feu socio économique qui couve de partout. Les citoyens algériens ont relevé , ces dernières années, que dans chaque wilaya, les membres de l'exécutif local en charge de la gestion du quotidien des populations, donnent l'impression d'être sur un ring de la contestation sociale. C'est sur ce même ring que, sans règlement et sans arbitre, vont aller les nouveaux walis. C'est le cas pour celui d'Annaba où, sur le dit ring, il se retrouvera face à plusieurs centres extérieurs de décisions. Beaucoup plus des combinaisons circonstancielles pour ne pas dire conjoncturelles selon que l'on a la cote auprès du prince. Ceci pour ne citer que certains aspects non exhaustifs du climat qui prévaut dans l'attelage mis en place au niveau des wilayas. D'où la question sur le pourquoi le précédent Premier ministre Abdelmalek Sellal est resté aphone face à cette situation alors que les appels de détresse se multipliaient ? Même si elle ne l'exprime pas, une minorité d'élus des deux chambres hautes et ceux locaux des APW/APC représentatifs de la wilaya de Annaba ruminent une colère noire contre les principaux gestionnaires du pays. Les mêmes questionnements et les mêmes dénonciations y sont enregistrés. Y compris celles dont les directeurs de l'exécutif n'ont pas été touchés par le dernier mouvement. Bon nombre ont élaboré de nouvelles stratégies pour relancer la machine économique. Les prochains mois seront très chauds. Les errements persistant de l'administration centrale indiquent que l'on va vers des lendemains incertains. D'où la difficulté de la mission qui attend les nouveaux walis. C'est qu'ils devront prendre en considération non seulement le désordre permanent avec des frustrations, mais surtout la persistance de l'injustice, de l'interventionnisme et la corruption.