Il faut se poser la question de savoir si quelque part le Premier ministre, par son style de gouvernance, n'est pas en train d'installer une certaine manière de faire qui lui garantisse l'atteinte de l'ensemble des objectifs que lui a assignés le président de la République. C'est aussi, si l'on regarde dans le rétroviseur, une façon de restaurer des usages qui permettaient, autrefois, aux commis de l'Etat d'établir une distance salvatrice entre eux et ceux, parmi les citoyens et les acteurs de la vie économique et sociale, qui pouvaient compromettre leurs actions ou qui, d'une manière ou d'une autre, pouvaient se trouver sur leur chemin, dans leur marche déterminée pour concrétiser leurs actions. En réagissant à la polémique qui s'est faite jour suite à la levée de bouclier des tenants de l'intégration, M. Tebboune crève l'abcès de façon magistrale et met les horloges à l'heure de la franchise et de la transparence en signifiant à ses détracteurs du moment que le clivage qui s'est créé est tout à fait nécessaire et même naturel et qu'il fait, de surcroît, partie des priorités du Gouvernement. La séparation du pouvoir politique et du pouvoir de l'argent qui a fait couler beaucoup d'encre durant ces dernières années est aujourd'hui l'objet d'un débat passionnant entre les acteurs les plus étroitement concernés sur fond de mise à l'épreuve par la réalité du terrain, et à l'aune de l'habitus installé durant une mandature particulière. Serait-ce un désaveu des acteurs économiques qui avaient pignon-sur-rue il n'y a pas si longtemps ou tout simplement à un retour à une norme de gestion que d'aucuns appelaient de leurs voeux depuis longtemps ? Il faut dire que la trop grande proximité entre les deux champs politiques et économiques dans les cadres institutionnels posaient la question, de nombreuses fois, de la notion très équilibrante, qui faisaient alors défaut, de justice dans la visibilité des opérateurs économiques dans l'espace de la décision politique, au point de créer de la confusion et de donner à croire à des interférences inquiétantes et au fait que le pouvoir de l'argent pouvait présider à la haute décision politique. Le fait est qu'aujourd'hui cette anomalie est levée et l'action politique préservée de cette dangereuse suspicion.