On dit que le terrorisme est vaincu politiquement et militairement. C'est ce que l'on dit. Il serait donc éradiqué sur le plan idéologique et il aurait abandonné toute volonté de reprendre la pratique de la violence armée. Il ne s'appellerait donc plus terrorisme. Ce ne sont pas les hommes qu'il faudrait éradiquer mais les idéologies construites sur la base de l'usage des interprétations unilatérales. Quand on considère que le terrorisme est transfrontalier, a quoi et/ou qui pensons nous ? Aux terroristes en tant qu'hommes ? Aux idées et fetwa ? Quand bien même que l'on puisse admettre que les contextes sont nouveaux et donc différents, que les enjeux de pouvoir et d'intérêts n'ont plus besoin d'idéologies construites sur les religions, il faudrait tout de même ne pas renoncer à se poser la question de savoir s'il est possible évaluer ce qui reste de la capacité de nocivité de telles idéologies. On aime bien l'expression « ce qui en reste ». L'islamisme se retourne vers les décideurs. Vous nous avez fait faire les premiers pas, grandi, fortifiés pour nous opposer à la gauche, pour nous opposer à tous vos opposants, et maintenant que vos opposants ne peuvent plus vous inquiéter, vous avez fait de nous vos ennemis. Quoi répondre et qui soit logique ? Quand vos ennemis redeviendrons nocifs, vous ferez à nouveau appel à nous. Tenter de résoudre le problème que pose ce qui est devenu une réalité sociale exclusivement par l'instrument militaire ne comporte visiblement pas les éléments d'un succès qui soit en conformité avec l'objectif. Comment le traiter différemment ? Pourquoi n'émerge t il de façon hégémonique que l'islamisme politique dans toutes ses composantes lorsque les élections sont libres ? Pourquoi les dites « révolutions» qui ne sont jamais initiées par les islamistes sont toujours récupérées par ces derniers ? C'est également le cas en Algérie avec «la révolution d'octobre » 88. Quand bien même qu'il y en ait qui voudraient faire accréditer la thèse que le terrorisme est un phénomène, il faudrait tenir compte que son caractère durable et proliférant en fait pratiquement une réalité qu'on redoute de qualifier de sociale, car malheureusement les officiels qui affirment sans cesse que le terrorisme est un phénomène étranger à notre société n'apportent rien de positif sur sa connaissance, à part qu'ils incitent à faire l'économie de son étude.