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Eté 1957, quand le lycée de Ben Aknoun était un lieu de torture secret
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 08 - 2017

L'utilisation des écoles ou des lycées comme lieux de torture pendant notre guerre de libération est un fait avéré. Ils ont été squattés, en période de vacances estivales, par les parachutistes du général Massu et du colonel Bigeard pour y mener leurs interrogatoires.
Le lycée de Ben Aknoun, à Alger, (actuel lycée El Mokrani), a été un lieu de détention, tenu secret, dont la fonction se situait «à mi-chemin» entre le centre de torture (en amont, évidemment secret également) et le centre d'internement (en aval, qui avait un statut «administratif», à la limite «légal»). C'était un «centre de tri» né de la légalisation, en avril 1957, des centres clandestins dans lesquels les parachutistes détenaient des Algériens depuis janvier 1957. Mais ces centres de tri étaient contrôlés par les militaires et échappaient au pouvoir civil (préfectoral et judiciaire). Durant l'été 1957, Ben Youcef Rebah a été détenu au lycée de Ben Aknoun occupé par les parachutistes, bérets verts. Il avait été arrêté le 21 août 1957, au domicile familial, à Saint Eugène, dans la proche banlieue d'Alger, par les soldats du 3ème régiment de parachutistes coloniaux, commandé par le colonel Bigeard qui ont fait irruption dans le petit appartement de deux-pièces, en pleine nuit alors que toute la famille dormait. Ils ont demandé en hurlant «Benyoucef !». Réveillés brutalement, les enfants ont assisté à l'arrestation de leur frère. La maman de Benyoucef qui tentait de lui remettre un vêtement pour se couvrir (les nuits commençaient à être fraîches) en a été empêchée par un soldat qui lui a barré l'étroit couloir à l'aide de son fusil; «c'est juste une chemise», lui dit-elle, «ce n'est pas nécessaire», lui a lancé le para, «même pas les chaussettes», ajouta-t-il. Ben Youcef eut juste le temps de mettre ses chaussures. Les parents regardaient, sans pouvoir réagir, leur fils, quitter la maison au milieu de la horde de parachutistes, après l'aîné Noureddine qui avait rejoint les rangs de la wilaya 4 de l'ALN, en juin 1956, et Mohamed, arrêté en janvier 1957. Ils ignoraient totalement où les parachutistes allaient l'emmener. Ben Youcef racontera plus tard qu'il fut dirigé d'abord vers une école située à Fort l'Empereur, à l'entrée d'El Biar. Après avoir subi le supplice de la baignoire dans cette école où se pratiquait la torture sur les détenus gardés au secret, Ben Youcef fut transféré au lycée de Ben Aknoun, ensuite au camp de Beni Messous puis à Camp du Maréchal d'où il sera libéré quelques mois après. A Ben Aknoun, le centre de tri était installé dans l'internat du lycée. Les détenus, amenés par camions militaires, notammentfad de la Casbah et de Saint Eugène, étaient enfermés dans des salles dont les fenêtres, grillagées, donnaient sur un champ clôturé à l'aide de fils barbelés. C'était la promiscuité, «on était 200, à raison de 40 à 50 par salle, à même le sol. Il y avait une salle pour les femmes», a raconté Benyoucef qui se souvient des détenues Fadhila Dziria et sa soeur, Goucem, et Latifa (toutes trois membres de l'orchestre féminin de Meriem Fekkai, qui comprenait aussi la militante Fatma Zohra Achour dite Aouicha). Fatma Baïchi, qui était avec elles, a livré ses souvenirs à Djamila Amrane pour son livre «Femmes dans la guerre d'Algérie». Elle se rappelle: «Vingt-deux femmes étaient dans ce dortoir. Nous n'avions rien, pas de couvertures, rien, une salle cimentée, nous nous bagarrions pour des bouts de papier qu'on mettait sous la tête comme oreiller, c'est tout». En automne 1957, il y a eu l'épidémie de grippe asiatique, les détenus du lycée de Ben Aknoun faisaient du 40° de fièvre ; tous ont été vaccinés, en urgence, piqués comme du bétail, sinon ça aurait été l'hécatombe. Les détenus avaient droit aux toilettes deux fois par jour. Elles n'avaient pas de porte. Quand quelqu'un était dans les toilettes, un autre devait se mettre devant pour faire office de porte. Une fois, les détenus ont été privés de nourriture pendant trois jours. Puis, les militaires ont ramené des rations alimentaires dans des grands bidons, destinées, à l'origine, à l'armée française, et devenues impropres à la consommation. Tous les détenus ont eu, ensuite, des problèmes de digestion, des crises de foie, des diarrhées. Il n'y avait évidemment pas de visite. Le seul échange avec l'extérieur venait des «nouveaux». «On les voyait qui arrivaient, après être passés par un centre de torture, très amochés, et on voyait partir ceux que les gendarmes ou les gardes mobiles venaient reprendre et qui, très rarement, revenaient. «Quand quelqu'un, arrêté, parlait sous la torture et désignait un détenu se trouvant à Ben Aknoun, les gendarmes ou les gardes mobiles ou les paras venaient le chercher», a raconté Ben Youcef. Les indicateurs, les «bleus»- comme on les appelait, parce qu'ils étaient habillés en bleu de chauffe- venaient souvent dans la salle, le visage découvert ou caché à l'aide d'un sac passé sur la tête (d'où leur surnom de bouchkara) ; ils fixaient longuement chacun, dans le but de découvrir un suspect qu'ils désigneraient alors aux paras pour qu'il soit emmené. «Pour nous, c'était un moment de grande angoisse devant le risque de retourner à la salle de tortures et de finir «disparu», s'est souvenu Ben Youcef. Sur la porte de la salle de torture, un écriteau avertissait les détenus: «Ici, on entre comme des lions, on sort comme des moutons». Il s'est rappelé le jour où Lounis Khodja (qui sera président d'une organisation patronale après l'indépendance) a été ramené de la salle de torture après avoir été affreusement brûlé au chalumeau.lamari. Dans le centre, pour un rien, les coups pleuvaient. Les parachutistes rivalisaient en brutalités et s'amusaient à humilier les détenus. Le chanteur Lamari était dans le camp de Ben Aknoun. Un des indicateurs l'ayant reconnu exigea qu'il chante une chanson, «Bambino», et Lamari a du obéir. Un jour, un légionnaire s'est mis au centre du camp et, montrant du doigt des avions de chasse qui passaient, a lancé, avec cynisme, «regardez, ils emmènent Ali La Pointe au ciel». Les détenus comprirent qu'Ali La Pointe était mort. C'était au début octobre 1957. Avec la rentrée scolaire, le lycée devait reprendre sa fonction d'établissement d'enseignement. Les détenus furent obligés de remettre en état les salles avec les tables et les chaises. M'hamed Rebah (frère de Ben Youcef) (A suivre)

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