Malgré les ajustements opérés par le gouvernement pour réduire les déficits budgétaires, dans les deux précédentes lois de finances, en raison de la faiblesse des prix des hydrocarbures, le capital productif reste très en retrait des espérances, en matière d'investissements locaux et étrangers, et ce, en dépit des encouragements en matière d'exonérations fiscales et des mesures de soutien aux entreprises créatrices d'emploi. Les manœuvres budgétaires s'avèrent donc réduites, principalement dans le domaine des investissements publics, en ce qui a trait aux infrastructures, qu'il faudra bien ajourner, en attendant une meilleure conjecture du marché pétrolier, ce qui n'est pas acquit avec la farouche concurrence des exploitations de plus en plus prolifiques du gaz de schiste et du ralentissement des activités des pays traditionnellement importateurs d'énergie fossile. L'option de reconsidérer l'arrêt des subventions aux produits alimentaires de première nécessité, arrive trop tard, et ne pourrait être mis en branle après la saignée opérée lors des deux précédentes lois de finances, en termes d'élévation d'impôts et de TVA. Les indicateurs relatifs à la consommation des ménages, véritable moteur de la croissance, se sont dépréciés depuis 2016, pas seulement à cause des augmentations généralisées des prix, mais identiquement à cause de la dépréciation du dinar par rapport aux dollar et à l'euro, deux monnaies de référence contribuant à attiser l'inflation. Une inflation galopante, difficilement maîtrisable, pour ne pas affirmer immaîtrisable techniquement, étant donné que lorsque les prix des matières premières baissent à l'international, les prix sur le marché local n'ont d'autres alternatives que de grimper, proportionnellement aux devises (+ 20% en moyenne), et plus, avec les rajouts des taxes, de la TVA, des frais de transport, et de services. La Banque centrale algérienne ne fait qu'assister impuissante à la dévaluation du dinar, depuis quelques années. Cette dévaluation ou dépréciation du dinar, selon les interprétations, génère outre une importante inflation importée, engendre pareillement un bradage des exportations hors hydrocarbures, si exportations éventuels étaient réalisés, de tous les produits issus des secteurs de l'agriculture, de la pêche, de l'industrie pétrochimique, manufacturières, métalliques, électriques, jusqu'aux matériaux destinés au recyclage. Dans ces conditions où les échanges commerciaux ne favorisent que les puissances économiques, il serait pour le moins complexe d'espérer récolter une croissance à la mesure des lourds investissements consentis par l'Etat. Il faudra pour s'en sortir toujours investir plus, travailler plus, payer plus, consommer moins, épargner moins, tout en gagnant moins, comme revenus mensuels ou annuels, comparativement aux grilles des salaires en usage ailleurs. Les experts du FMI et de la Banque mondiale, si prompts à distribuer des conseils aux pays en difficulté devraient s'attarder à trouver des mécanismes pour que les pays en difficulté financière, ne se fassent pas davantage plumer sous le prétexte fallacieux de la liberté de commerce sacralisée par l'OMC. La croissance à crédit a montré ses limites, et surtout ses dangers, et le fait que Bouteflika ne veut pas en entendre parler est une décision de sauvegarde de notre économie, une de plus, face aux prédateurs détenant les coffres-forts de la finance mondiale. En attendant des jours meilleurs, les exportations hors hydrocarbures comme solution palliative peinent à décoller, faute d'une libéralisation effective des initiatives qui devraient être dévolues aux exportateurs.