Un nouveau dispositif permettant de recenser les terrains agricoles non exploités a été instauré récemment afin de réorienter le foncier agricole vers les «vrais» investisseurs, a indiqué jeudi à Alger le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi. «On vient d'instaurer un dispositif à travers des commissions dans toutes les wilayas du pays, pour recenser les terrains agricoles attribués depuis cinq a dix ans et qui ne sont pas exploités jusqu'a maintenant», a déclaré M. Bouazghi lors d'un panel dédié à la sécurité alimentaire et agro-industrie, organisé dans le cadre de la 3ème édition de l'université du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Au moment où de nombreux investisseurs cherchent des terrains pour les exploiter, poursuit-il, «on constate qu'une grande surface du foncier attribué n'est pas utilisée». «Nous allons réaliser l'opération d'assainissement jusqu'au bout, afin de mettre le potentiel foncier au profit de ceux qui veulent travailler dans l'agriculture», a-t-il martelé. Selon les chiffres avancés par le ministre, 853 000 hectares ont été attribués au 19 000 concessionnaires, dans le cadre du programme de création de nouvelles exploitations agricoles et d'élevages, lancé en 2008. Cependant, «malgré la mobilisation par les pouvoirs publics, aussi bien d'un capital foncier important que d'investissement à l'ordre de 3,4 milliards de dinars en vue de réaliser les études nécessaires, seulement 263 000 hectares ont été installés, soit 31 % de la superficie attribuée», note M. Bouazghi. Le ministre a considéré, par ailleurs, que l'accroissement du potentiel foncier agricole constituait un «élément fondamental pour le renforcement de la base de la sécurité alimentaire du pays». Dans ce sens, la stratégie du secteur de l'agriculture vise à augmenter la superficie agricole utile à 9 millions d'hectares d'ici 2022, contre 8,5 millions d'hectares actuellement, dont 5,7 millions de statut privé. Validation de 173 nouveaux projets agricoles Cela permettra de contribuer à «une augmentation significative de la production nationale et sa valorisation optimale». Selon le ministre, cet objectif passera aussi par «une mobilisation rationnelle des moyens disponibles en ciblant les filières stratégiques pour faire face aux besoins de la population, réduire progressivement les importations et relancer les exportations». Cette stratégie visant a répondre au défi de la sécurité alimentaire, se base sur «un nouveau modèle agricole structuré principalement autour de l'investissement privé comme nouveau moteur de la croissance agricole», a-t-il ajouté. M. Bouazghi a indiqué, dans ce cadre, que des mégaprojets avec des investisseurs nationaux ou avec des partenaires étrangers dont la superficie dépasse 10 000 hectares par exploitation, sont en cours de mise en oeuvre dans certaines wilayas notamment à Adrar, El Bayad, Ghardaïa, pour une valeur d'investissement estimée à 25 milliards de dinars. Par ailleurs, une cellule de facilitation et d'accompagnement des dossiers d'investissement structurant en relation avec les filières stratégiques a été mise en place au niveau central, «afin de donner un nouvel élan au programme», a-t-il soutenu. Ce dispositif a permis l'examen de près de 300 investissements et la validation de 173 projets avec une superficie de 317 000 hectares pour une valeur de 242 milliards de dinars, d'après le ministre. Evoquant les réalisations enregistrées par le secteur, M. Bouazghi a fait savoir que la valeur de la production agricole a atteint fin 2016, près de 3 000 milliards de dinars contre 350 milliards de dinars en l'an 2000. La surface agricole irriguée est passée de 350 000 hectares en 2000 à 1,260 millions d'hectares à fin 2016, avant d'augmenter à 2 millions en 2020, d'après les prévisions du ministère. Le volume de la production agricole a, quant a lui, augmenté de 268 % pour les céréales, 980 % pour les fourrages, 241 % pour les légumes secs, 160% pour la tomate industrielle. Toutefois, "cette dynamique de production doit être consolidée par le renforcement des capacités de transformation, de conservation et de stockage ainsi que l'amélioration des circuits de production, encadrés par une organisation interprofessionnelle efficace et l'avènement de la grande distribution moderne», a souligné M. Bouazgh.