La décolonisation du Sahara occidental avec en toile de fond le rôle de l'Europe dans le règlement du conflit a été examinée vendredi lors d'une rencontre parlementaire à l'Assemblée nationale française, la deuxième après celle organisée en avril 2016. A l'initiative du député Jean-Paul Lecoq, fervent défenseur de la cause sahraouie, cette rencontre a regroupé de nombreux députés européens, venus d'Espagne, d'Italie et de Suède, des parlementaires algériens, des représentants du mouvement associatif et des responsables sahraouis. Les ambassadeurs du Venezuela et de Cuba en France ont également participé à cette réunion qui a été présidée par Pierre Galand, président de la Coordination européenne de solidarité avec le peuple sahraouie (EUCOCO). Jean-Paul Lecoq a tenue d'emblée à souligner que la question du Sahara occidental est aujourd'hui accueillie au sein même de l'Assemblée nationale française, annonçant qu'il a proposé à la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée d'inscrire cette question dans ses travaux avec une programmation d'une audition de Horst Kohler, l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara occidental. Déplorant l'attitude des médias français qui «ne viennent pas» lorsqu'il s'agit du conflit du Sahara occidental, il a avoué qu'il mène «un combat de tous les jours» en France, un pays qui «contribue au blocage» avec son soutien au Maroc. «Mais, a-t-il dit, la France n'est pas seulement les gouvernants, il y a également des parlementaires et des associations qui constituent des espaces de lutte pour faire avancer les choses dans le sens de l'application du droit international» au Sahara occidental, critiquant la politique française de «deux poids deux mesures» dans le traitement de cette question. De son côté, la vice-présidente de l'Intergroupe «Paix au Sahara occidental» qui compte 119 eurodéputés au Parlement européen, Paloma Lopez, a indiqué que la cause sahraouie est «de plus en plus visible» dans les travaux du parlement, malgré le lobbysme marocain. Elle a soutenu que le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui demeure «la seule solution», dénonçant le non-respect par le Maroc du droit international. C'est dans ce sens que Pierre Galand a relevé «l'impuissance abyssale» tout à fait «scandaleuse» de l'Europe dans les questions internationales, citant le Sahara occidental, la Syrie, l'Irak, la Libye et la Palestine. L'ancien représentant spécial du SG de l'ONU pour le Sahara occidental (2005-2007), Francesco Bastagli, a insisté sur le fait que l'aspect juridique du dossier du Sahara occidental est «très clair», mais les puissances occidentales «ont ignoré les termes de la loi en faveur de la réalité politique et des intérêts». Il a cité dans ce cadre le cas du Kosovo, qui n'avait, a-t-il dit, aucune assise juridique mais «on a décidé de lui octroyer l'indépendance», soulignant que pour le Sahara occidental, la France a une position «extrêmement dure». Il a critiqué l'action des pays africains, dont le Sahara occidental est membre fondateur de l'Union africaine, au sein de Onu, précisant qu'il reste beaucoup de choses à faire au niveau de l'Assemblée générale pour faire voter des résolutions contraignantes, malgré le soutien de membres du Conseil de sécurité au Maroc. Pour sa part, le président du parlement sahraoui, Khatri Eddouh, après avoir rappelé la question du Sahara occidental, posée depuis 42 ans à l'Onu, a regretté qu'elle «ne trouve pas de solution», en raison du soutien des puissances occidentales à l'occupant marocain. Il a affirmé que toutes les démarches du Maroc avec ses soutiens «ont échoué», car, a-t-il expliqué, «ils ont oublié la nature juridique de la question et l'existence d'un peuple avec son histoire et sa culture».