Quelque 200 maires indépendantistes catalans se sont rassemblés mardi après-midi à Bruxelles, non loin des institutions européennes, pour exiger la libération des membres de l'exécutif catalan emprisonnés en Espagne à la suite de la déclaration d'indépendance votée le 27 octobre par le Parlement catalan. La délégation est arrivée vers 14 heures au rond-point Schuman séparant le siège de la Commission européenne de celui du Conseil européen où ils ont déployé une grande banderole sur laquelle ils ont réclamé (en anglais) la libération des «prisonniers politiques». Les maires indépendantistes catalans ont scandé pendant de longues minutes le slogan «Libertad» (Liberté) et chanté l'hymne catalan. «Nous souhaitons que l'Europe nous écoute parce que nous avons l'impression d'être abandonnés. Nous voulons faire passer le message que, sur 948 maires en Catalogne, 760 sont pour l'indépendance», a déclaré à la presse la maire d'Anglès Astrid Desset. Selon cette élue, le seul crime que le peuple catalan a commis est d'avoir voté. «Si c'est un crime, qu'ils nous mettent aussi en prison, ou alors qu'ils libèrent le gouvernement et les civils qui sont en prison», a-t-elle ajouté. Les maires catalans ont effectué le déplacement en Belgique pour soutenir les membres de l'exécutif catalan déchu qui se sont repliés à Bruxelles après la mise sous tutelle de la région par le gouvernement central de Madrid. «Pour nous, c'est toujours notre gouvernement et notre président», a affirmé la maire d'Anglès. Une rencontre avec le président catalan destitué, Carles Puigdemont, et ses quatre conseillés est prévue au programme de la délégation, a fait savoir un autre maire. Poursuivi par la justice espagnole pour «rébellion, sédition, malversation, abus de pouvoir et désobéissance» pour avoir «planifié, organisé et financé avec des fonds publics» le référendum sur l'indépendance de la Catalogne du 1er octobre, Carles Puigdemont s'est réfugié en Belgique depuis le 30 octobre. Le jour même, le parquet espagnol portait plainte contre son gouvernement régional, destitué pour avoir organisé la déclaration d'indépendance votée le 27 octobre par le Parlement catalan. Placés en garde à vue dimanche matin par le parquet de Bruxelles suite au mandat d'arrêt européen émis par la justice espagnole, le président destitué de la Catalogne et ses quatre conseillers ont ensuite été libérés dans la soirée sous conditions. Le juge d'instruction bruxellois chargé du dossier «a considéré que le risque de fuite de ces personnes n'était pas suffisamment présent», ordonnant leur libération sous conditions de «résider à une adresse fixe», «se manifester à l'ensemble des actes de la procédure de manière personnelle et répondre aux invitations de la police». Les maires catalans devraient, par ailleurs, animer en début de soirée une rencontre au palais des Beaux-Arts à Bruxelles avec la presse pour dénoncer «la répression qui s'abat sur les dirigeants catalans», ont-ils fait savoir. Quelques heures auparavant, une délégation d'entrepreneurs catalans s'est rendue au Parlement européen où elle a expliqué à la presse les conséquences «graves» de la crise catalane sur l'économie de la région. Le vice-président de l'association des entrepreneurs catalans, Carlos Rivadulla, a dénoncé «l'instabilité sociale et juridique» causée par la déclaration d'indépendance de la Catalogne. Deux partis indépendantistes catalans demandent une commission d'enquête sur les charges policières du 1er octobre Deux partis indépendantistes catalans en l'occurrence le parti démocrate européen de la Catalogne de l'ex-président Carles Puigdemont (Pdecat) et la gauche républicaine catalane (ERC) ont déposé mardi au congrès espagnol une demande dans laquelle ils réclament l'établissement d'une commission d'enquête sur les charges policières du premier octobre dernier, lors de la tenue du référendum d'indépendance illégal et émaillé de heurts ayant fait de nombreux blessés. Cette commission d'enquête devrait «aller au fond des incidents pour donner des explications sur ce qui s'est passé» car la «réponse du gouvernement était autoritaire et sans précédent en Europe», a indiqué le porte-parole du Pdecat au congrès, Carles Canpuzano qui a souligné par ailleurs que «les responsables doivent assumer leurs responsabilités». Le même responsable a informé la presse que 150 personnalités de divers partis indépendantistes ont signé lundi un manifeste dans lequel ils incluent dans leurs programmes «la négociation d'un référendum pacté sans fixer de délais», indiquant que sa formation politique «a toujours gardé cette porte ouverte» en se référant à la lettre de Carles Puigdemont envoyé au Premier ministre Mariano Rajoy dans laquelle il s'est dit ouvert au dialogue. Abordant le rendez-vous électoral du 21 décembre prochain, le dirigeant indépendantiste a souligné que «les urnes vont réaffirmer l'engagement de la société catalane en faveur du droit de décider et de l'indépendance» en insistant sur le fait qu'un problème politique ne peut être résolu que politiquement. «Jamais le code pénal ou l'emprisonnement n'a résolu dans aucun endroit du monde un problème comme celui que soulève la Catalogne», a-t-il conclu.